Par KADATH
“Froid comme un manga” est le titre que j’aurais pu choisir pour ce petit article tant une impression glaciale et sans vie suinte de ce petit format que l’on doit lire à la japonaise.
Le dessin au trait fin (encre de Chine ?) est de bonne qualité avec des noirs et blancs très francs et assez peu de contrastes de gris. Le texte de la narration apparaît directement dans les cases des dessins, laissant les phylactères aux rares moments où les personnages s’expriment.
Le dessin fait penser plutôt aux gravures et s’éloigne des conventions du manga traditionnel pour distiller un sentiment d’inquiétude renforcé par le personnage central aux gestes hésitants, au regard halluciné. L’architecture des murs, de la tour et du château rend très bien cette solitude glaciale qui transperce le lecteur.
On regrettera la chute de l’histoire, plus proche d’un gothique à la Edgar Poe que de l’univers lovecraftien peuplé de monstres issus d’autres univers. Le reste du recueil baigne dans une ambiance identique, mais l’oeuvre originale de Tanabe Ju-ga est plus proche esthétiquement du manga japonais habituel.
Une expérience intéressante avec en plus une trouvaille de l’éditeur Glénat qui a orné la couverture de l’album d’une surface argentée en forme de miroir gothique où vous pourrez découvrir votre reflet déformé, clin d’oeil en référence à la dernière scène de la nouvelle de Lovecraft…