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culturepopulaire:lovecraft

Lovecraft

Par KADATH, mai 2008

Le postulat de Hans Rodionoff est simple : et si Lovecraft avait vraiment lu le Necronomicon, et si ses nouvelles n’étaient que le reflet d’une hideuse réalité ?… L’album débute par l’histoire du père de HPL, mort fou dans un asile et, bien sûr, cette folie est liée à d’étranges rencontres. Puis vient l’enfance et la curieuse jeunesse de Lovecraft, passée entre une mère névrosée et deux tantes trop protectrices. Le jeune Howard découvre un vieux livre, celui qui a ruiné la santé de son père : le Necronomicon. Le grimoire sème la mort autour de lui mais permet au jeune homme de rêver de choses terribles qui le fascinent. Le jeune Howard devient adolescent et commence à écrire des nouvelles fantastiques qui horripilent ses tantes !

Howard est pauvre mais le directeur de la revue Weird Tales s’intéresse à lui, lui proposant de gagner un peu sa vie. Mais le rêveur préfère travailler pour le seul plaisir de coucher sur papier ses rêves de plus en plus nombreux. Une autre personne s’intéresse également à lui, une jeune femme du nom de Sonia. Et oui, l’amour va passer dans la vie de cet être hanté par des monstres qui ne cessent de croiser son chemin et d’intervenir dans sa vie. La mère d’Howard est elle-même victime de la malédiction, ce qui fait dire à son fils : “Ceci est de ma faute, je l’ai laissée trop longtemps seule avec ce maudit livre…”

HPL épouse Sonia sous une gigantesque croix chrétienne - curieuse pour ce “païen romain” mais passons… La revue Weird Tales réunit des gens intéressants, tous amis autour de Lovecraft : Frank Belknap Long, Robert E. Howard et bien d’autres. Les monstres sont tapis à la frontière des rêves et de la réalité de l’existence de HPL et parfois ils se matérialisent, entraînant la folie et l’horreur : il faut donc reprendre le livre et fermer la porte ! La scène finale nous montre Sonia Greene essayant de forcer Howard à la suivre dans une grande ville… Non, le rêveur préfère fuir tous les démons et le monde moderne et retrouver sa chère ville de Providence… I am Providence…

Cet album ne peut laisser personne indifférent étant donné la vision choisie par ses auteurs : montrer avec une relative exactitude la vie de H.P. Lovecraft mélangée à ses propres mythes ! Première constatation, l’ampleur du travail : un album épais présentant pas moins de cent-quarante pages, dont cent-trente cinq planches en couleurs ! C’est de loin la plus “grosse” bande dessinée consacrée à Lovecraft à ce jour ! Le style est agressif et, personnellement, j’avoue avoir été choqué par certains portrait de HPL qui caricature son enfance et son milieu familial à l’extrême. Les dessins sont parfois horribles, boursouflés, proche des pires scènes de Jérôme Bosch. Puis on s’habitue à ce défilé de couleurs agressives et on communie avec Breccia dans cette ode au fantastique. On découvre des trouvailles, telle la scène du mariage de Lovecraft avec Sonia Greene, quelques dessins “intimes” de la vie de couple pour mettre fin à la légende de la solitude absolue de Lovecraft et sa soi-disante haine des femmes. Des scènes de la vie de tous les jours qui basculent brusquement dans une dimension d’horreur et de cauchemar, le tout parfois à la limite du gore…

Si l’on accepte de jouer le jeu, cet album est une expérience visuelle unique qu'il faut avoir vécue pour porter un jugement, bon ou mauvais, sur cette biographie rêvée d’un auteur pour qui “le rêve est la seule réalité”.

culturepopulaire/lovecraft.txt · Dernière modification: 2021/05/09 18:42 (modification externe)