The Strange High House in the Mist, 1926.
(Illustration © Joseph Morales)
Rédigé en 1926, soit la même année que L'appel de Cthulhu, L'étrange maison haute dans la brume est aussi poétiquement énigmatique que le laisse deviner son titre. Racontée à la troisième personne, elle relate l'aventure d'un dénommé Thomas Olney, marié et père de famille, qui s'obstine à percer le secret d'une étrange bâtisse de Kingsport érigée en haut d'une falaise et au sujet de laquelle circule des rumeurs inquiétantes. Il parvient finalement à entrer dans cette maison mais le prix en sera élevé… Cette nouvelle de Lovecraft est assez courte et met en avant une créature inédite du panthéon cthulhien : Nodens, le seigneur du grand abymes, représentation barbare et sauvage des anciens dieux grecs. Nodens est généralement considéré comme l'un des Dieux Très Anciens, ceux-là même qui bannirent les Grands Anciens de leur domaine près de Bételgeuse. On le retrouve par la suite dans certains autres textes tels que A la recherche de Kadath où il apparaît en ennemi éternel de Nyarlathotep. Cette relation n'est d'ailleurs pas fortuite. Mais Nodens est loin d'être un « bon » dieu. Cependant, son aspect humain et son détachement vis à vis de l'humanité (il ne s'en soucie guère donc il ne lui fait pas de mal non plus) en font une entité intéressante et à l'écart des canons auxquels nous a habitué Lovecraft.
Dans L'étrange maison haute dans la brume, HPL insiste sur l'aspect magique qui transparaît dans la supersition autour de la maison. Le lecteur voit à travers les yeux d'Olney qui magnifie l'édifice maudit. Et quoi de plus fascinant qu'une maison aux volets clôts dont la porte donne directement sur le vide ? On retrouve dans cette histoire la poésie triste du cycle onirique de Lovecraft qui se déroule dans les Contrées du Rêve. Mais L'étrange maison haute dans la brume en sonne aussi le glas : les dieux sont cléments et parfois emplis de bonté mais cela sera toujours au détriment des mortels. Il faut s'y faire, les rêveurs cèdent la place aux cartésiens. La folie n'en sera que plus grande.