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#1 2011-11-19 15:04:29

Lucifer Sam
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Registered: 2011-05-30
Posts: 108

[ESSAI] Dictionnaire amoureux des chats, de Frédéric Vitoux

Dans son Dictionnaire Amoureux des Chats, Frédéric Vitoux ne pouvait passer à côté des écrivains, dont le chat est le plus répandu des compagnons.
Sans en faire la liste exhaustive (ce n'est pas du tout le but de la série des Dictionnaires Amoureux, dont la composition est libre), il mentionne les plus évidents (Baudelaire et Colette pour ne citer qu'eux). Ce fut une belle surprise d'y trouver un article de presque 5 pages sur Lovecraft! Article très bien écrit et qui fait preuve d'une bonne connaissance de sa vie et de son œuvre.

S'il y a ici des amateurs de Felix Catus je vous recommande chaudement ce bouquin, qui peut aussi constituer un joli cadeau!

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#2 2012-01-05 16:43:40

Delapore
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Registered: 2008-04-21
Posts: 1,125

Re: [ESSAI] Dictionnaire amoureux des chats, de Frédéric Vitoux

J'achèterai peut être ce livre quand j'aurais cessé de dilapider mon argent à acquérir des ouvrages fantastiques. Je crois que Lovecraft méritait cet hommage. Il mentionne des chats dans "Les rats dans les murs", "Les chats d'Ulthar", "A la recherche de Kadath"... Il a écrit un poème ("Petit Sam Perkins") et, en forçant le trait, un article polémique ("Des chats et des chiens") - on peut retrouver tout ça dans l'Anthologie de Laffont. smile

"Le chat est un animal mystérieux. N’est il pas l’âme de l’antique Egypte, et le sujet des contes oubliés de Méroé et d’Ophir ? De plus, il est apparenté au Seigneur de la Jungle, et comme tel, il est l’héritier des secrets de la sombre et inquiétante Afrique. Le Sphinx est son cousin. Il parle le même langage, mais il est plus ancien que lui et il se souvient de ce que le Sphinx a oublié."

lovecraftandfelisacc.jpg

PS : je croyais qu'on disait "Felix Domesticus" ?

Last edited by Delapore (2012-01-05 19:25:37)


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#3 2015-07-25 17:47:58

Pickman
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Posts: 95

Re: [ESSAI] Dictionnaire amoureux des chats, de Frédéric Vitoux

Je suis en train de lire actuellement le volumineux dictionnaire que Frédéric Vitoux (de l'Académie française), a consacré aux chats et qui s'intitule Dictionnaire amoureux des chats. Par "amoureux", il faut entendre un dictionnaire subjectif, rédigé dans un style fort éloigné de celui - purement informatif - des habituels dicos et dans lequel l'auteur, d'une prose à la fois limpide et élégante, a choisi ses entrées et ne prétend donc nullement à l'exhaustivité.

A la lettre L, on trouve ainsi cinq pages consacrées à Lovecraft. La première partie consiste en une présentation assez générale de l'auteur et de son oeuvre qui, pour être succinte, m'a semblé assez juste.
Je trouve ainsi intéressant que, évacuant l'éternel débat sur l'appartenance de HPL au fantastique ou à la SF, Vitoux préfère parler de "fantasmagories". Un terme qui, somme toute, de s'appliquer aussi bien aux textes cthuliens ou ceux des Contrées du Rêve (et même si, manifestement, Vitoux pense surtout à ces derniers, à mon avis).

Mais le sujet du dictionnaire étant consacré aux matous, c'est surtout sur eux et leurs rapports avec HPL dont il est question.
Vitoux note d'abord ceci :
Lovecraft aimait les chats. Très bien ! Mais il n'est pas le seul écrivain dans ce cas. Il a parlé des chats. Mais il n'est pas le seul non plus à l'avoir fait. Et l'on s'est épargné ici l'impossible nomenclature des écrivains qui se sont adonnés à cette tâche. Pourquoi donc faire un sort à Lovecraft dans ces pages, par conséquent ? Pourquoi lui rendre ici hommage ?
Eh bien tout simplement parce qu'il y a comme une entente secrète, un pacte ou, mieux, une complicité entre les chats et lui. Parce que le monde lovecraftien est en accord avec le monde félin. Ou que les chats, sans le savoir, nous donnent depuis toujours comme un pressentiment de l'univers de l'écrivain. [...]

Vitoux note par ailleurs que, même dans les écrits les plus oniriques de HPL, quand les chats apparaissent, jamais ils ne sont déformés, anamorphisés, transfigurés. Ils restent chats et cela suffit" [...] Lovecraft avait compris que cet animal est déjà fabuleux par lui-même, qu'il tutoie le mystère, le sacré, les ombres et les connaissances occultes, qu'il défie le temps, le principe de causalité, et qu'il n'y a nul besoin de forcer la note ou de forcer le trait pour l'accorder à son univers romanesque

Enfin, pour finir, il laisse la parole à HPL lui-même.
[Par ailleurs, j'ignore (ou je ne me souviens plus) dans quel recueil - ou correspondance ? -  on peut trouver ce passage car Vitoux ne l'indique pas. Si quelqu'un pouvait éclairer ma lanterne...]

Quoiqu'il en soit, voilà ce passage, si typiquement lovecraftien :

Le chat n'est pas fait pour la compagnie des petits travailleurs acharnés, imbus de l'importance de leur "mission" sur cette terre, mais pour celle des poètes rêveurs et éclairés qui savent que rien en ce monde ne vaut vraiment la peine qu'on s'en préoccupe. A une époque plus saine que celle-ci, les dilettantes, les amateurs ou, si l'on préfère, les décadents avaient encore la possibilité de réaliser quelque chose ; c'est pourquoi ils furent les principaux artisans de ces glorieuses ères païennes.
Le chat est fait pour celui qui réalise quelque chose, non pas par devoir, sans même y réfléchir, mais pour le plaisir, le charme, la splendeur, la puissance qui s'y rattachent ; il est fait pour le harpiste qui chante de vieilles batailles, seul dans la nuit ; ou pour le guerrier qui s'en va livrer de telles batailles, pour la beauté, la gloire et l'honneur d'un pays dont les habitants ignorent la faiblesse. Il est fait pour celui qui ne se laissera pas charmer et endormir par la banalité du quotidien parce qu'il ne peut vivre que dans une atmosphère cultivée et énergique, au milieu de la grâce et du bien-être qui seuls justifient l'effort. (...)
Selon moi, l'étoile du chat se trouve à présent en phase ascendante ; il en est ainsi depuis que le monde a commençé à s'affranchir des illusions moralistes qui étouffaient le dix-neuvième siècle en portant aux nues cet animal malpropre et déplaisant qu'est le chien. (...)
A la lumière de cette révélation, nous contemplons désormais dans toute sa splendeur une idole dressée sur un trône idéal de soie et d'or recouvert par un dôme chryséléphantin. Cette idole à la grâce immortelle dont les pauvres humains n'ont pas toujours su reconnaître les qualités, cet être majestueux, insoumis, mystérieux, voluptueux, babylonien, détaché, cet éternel compagnon des artistes supérieurs, ce parangon de beauté, ce frère de la poésie, doux, sérieux, au caractère de patricien : le chat.

Je me permettrai juste deux remarques.

Cette évocation (qui gâche un peu le reste du texte mais bon...) sur les guerriers s'en allant livrer batailles pour la beauté, la gloire et l'honneur d'un pays dont les habitants ignorent la faiblesse... bon, pas difficile de reconnaître là-dedans cette fascination bizarre et incongrue qu'HPL avouait lui-même pour les "guerriers blonds nordiques, etc... etc..." Enfin, soit...

Ma seconde remarque concerne ce passage : Selon moi, l'étoile du chat se trouve à présent en phase ascendante ; il en est ainsi depuis que le monde a commençé à s'affranchir des illusions moralistes qui étouffaient le dix-neuvième siècle en portant aux nues cet animal malpropre et déplaisant qu'est le chien. (...)
Les amoureux des chiens passeront élégamment sur cette dernière remarque.

Ce qui me frappe dans la première phrase, c'est qu'elle paraît assez prémonitoire.
J'ai lu récemment quelque part que "le XXIè siècle serait le siècle des chats" (le genre d'affirmation de prédicateur "à la Malraux" un peu pompeuse, certes, mais qui me semble avoir ici une part de vérité).
De fait, il semble bien que le chat voit sa cote de popularité grimper significativement depuis quelques années.
C'est peut-être logique dans un début de XXIè siècle qui privilégie la sédentarité, le confort, le repli sur soi, la propreté (parfois jusqu'à l'aseptisation), l'indépendance, la méfiance (parfois jusqu'à la parano)... bref toutes caractéristiques éminemment félines.
Qui se ressemblent s'assemblent, comme on dit.
Enfin, voilà qui nous éloigne de Lovecraft mais, actuellement, je me consacre à l'étude des chats, ceci expliquant cela. smile

Voilà en tout cas une bonne opportunité de concilier un auteur français (qui, pour faire partie du sérail académique n'en est pas moins sympathique, ne snobe pas HPL et aime les chats de surcroît), Lovecraft et les... chats, bien sûr.
Tiercé gagnant. smile

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#4 2015-07-27 12:00:31

St John
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Registered: 2011-12-12
Posts: 71

Re: [ESSAI] Dictionnaire amoureux des chats, de Frédéric Vitoux

Tu m'as donné envie de me replonger dans cet ouvrage que l'on m'avait offert il y a un ou deux ans et que je n'ai eu le temps que de survoler (non sans en lire attentivement l'entrée sur Lovecraft, naturellement ;)

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#5 2015-07-27 22:12:14

Pickman
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Registered: 2011-08-16
Posts: 95

Re: [ESSAI] Dictionnaire amoureux des chats, de Frédéric Vitoux

C'est un ouvrage très intéressant et instructif (à condition d'aimer les chats, of course smile) et qui n'a pas le côté rébarbatif des dicos habituels.
J'ai passé notamment pas mal de temps à retrouver sur le Net toutes les références auxquels il fait allusion (peintures, essais, romans, etc...)

A noter que l'auteur a aussi écrit un ouvrage sur le chat de Louis-Ferdinand Céline : Bébert, le chat de Céline, qui aurait vécu avec son "maître" pas mal d'aventures.
J'aimerais assez le lire.

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