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#51 2013-05-26 21:33:09

Pickman
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Re: Traductions françaises

Si on l'utilise à bon escient, en bon écrivain, que ce soit dans l'une ou l'autre des deux définitions, je ne pense pas.
J'ai dû rencontrer ce mot dans des centaines de phrases de centaines de livres que j'ai pu lire depuis que je suis ado et cela ne m'avait jamais posé problème jusqu'ici. C'était clair, sans ambiguité ni contre-sens.
Et le fait que l'on puisse y ajouter l'exemple que m'a donné Kadath à propos de "L'habitué des Ténèbres" du même traducteur me conforte dans l'idée que ce Gilbert n'en est pas à sa première grosse boulette.

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#52 2013-05-27 23:03:10

Bel Shamharoth
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Re: Traductions françaises

Oui la biologie ne se "préoccupe" pas de la santé mentale des individus singuliers, mais j'ose croire, en partisan du principe anthropique fort, que, sans besoin d'imaginer un dieu à notre image il y a ... quelque chose ...qui veut la naissance et la prolifération de la vie et son aboutissement à la conscience. En cela se limite ma théologie.
J'imagine donc que cette "force", par le biais de l'évolution, préserve les espèces inadaptés des révélations fatales qu'un sens supplémentaire leur permettrait d'acquérir. (là par contre j'suis dans la mythologie lovecraftienne, je n'y adhère pas)


Ton ami, lui, va rencontrer Bel-Shamaroth. Toi, tu vas seulement mourir.

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#53 2013-05-28 23:38:51

Pickman
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Re: Traductions françaises

Oui, je comprends. Mais là, c'est une question de croyance/de conception personnelle.

De mon côté, je vois la vie comme un pur hasard et la conscience comme un accident. Aucune volonté qui y présiderait.
Quant à ce qui nous préserverait de la folie, ce serait pour moi les limites même de notre perception et de notre cerveau (comme le disait HPL), en dehors de toute "force" agissante.
Dans le meilleurs des cas, je peux admettre que la Nature régule, en quelque sorte, le fonctionnement de la majorité des êtres vivants pour leur faire atteindre un degré acceptable d'efficience. Mais il faut compter aussi avec les "couacs" de cette régulation (les maladies mentales notamment).
Quoiqu'il en soit, c'est pour moi purement mécanique. 
En biologie, les espèces inadaptées ne sont pas préservées : elles sont éliminées. C'est le principe même du darwinisme.
Et je pense que ce doit être pareil pour les perceptions.

Ma vision du monde est loin d'être rassurante, je sais... wink
C'est aussi pourquoi l'oeuvre d'HPL me parle particulièrement...

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#54 2013-05-29 23:18:37

Pickman
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Re: Traductions françaises

En fait, je me demande si la vision du monde de HPL m'a parlé parce qu'elle confirmait mon propre sentiment en la matière ou si, à l'inverse, c'est HPL qui a beaucoup contribué à me forger (en grande partie du moins) cette conception. Les deux n'étant pas inconciliables, je suppose, dans le cas où ses écrits n'auraient fait que révéler un sentiment latent mais pas encore vraiment suffisament affirmé pour parler véritablement de conception.
Car j'ai découvert HPL à l'adolescence, vers 15-16 ans (comme beaucoup il me semble).
A l'époque, je ne pense pas que j'avais déjà une idée précise de ces choses et je n'aurais certainement pas rédigé mon post précédent comme je l'ai fait hier.

Ce rapport de l'univers lovecraftien avec l'adolescence (période troublée et du mal être comme on le sait) est d'ailleurs intéressant et probablement fondamental.
Je ne sais pas si cela a déjà fait l'objet d'une discussion sur le forum...
Je sais en tout cas que, personnellement, ayant été un ado anxieux, solitaire et mal dans ma peau, j'ai trouvé dans ses textes un écho à ma propre angoisse et mon "inadaptation", de même qu'une échappatoire fascinante.
Et davantage encore quand j'ai eu connaissance de sa vie. ^^
Par ailleurs, par la suite, j'ai retrouvé un écho à peu près similaire (mais sur des sujets différents) avec les premiers écrits de Houellebecq... qui a consacré à HPL un essai ("à sa sauce" disons) comme vous le savez.
Et si j'ajoute qu'entre les deux, il y a eu le flippé (et inadapté et reclus aussi ^^) Philip K. Dick... il semble qu'il n'y ait surtout que ces auteurs qui m'interpellent autant smile

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#55 2013-05-31 08:33:46

Zadok
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Re: Traductions françaises

Ton message m'interpelle, dear Pickman, parce qu'il me semble avoir eu l'exact même parcours (De Lovecraft à Dick : de quoi sérieusement perturber les définitions établies du réel !). Et ta réflexion sur le lien entre Lovecraft et adolescence me semble parfaitement juste. À mon sens, elle peut s'expliquer par plusieurs points :
- une façon de se démarquer ou de trouver un échappatoire dans la lecture au monde "matérialiste" qui se dessine dans l'adolescence (parce que lire un auteur au vocabulaire fouillé, hermétique, aux visions démentielles et à la réputation, erronée on le sait, de reclus,  tranche quelque peu dans le paysage culturel d'un collège ou d'un lycée)
- l'entrée dans une certaine communauté d'esprit : parce qu'aimer Lovecraft, c'est souvent rencontrer d'autres "fans", découvrir la profusion de textes, films ou jeux dérivés de son œuvre, mais aussi comprendre la notion d'intertextualité, de patrimoine et de jeu littéraire (entre les rédacteurs de Weird Tales, tout d'abord, mais aussi les hommages/incursions d'autres grands auteurs dans l'univers lovecraftien - je pense à Borges, à Alan Moore et même Umberto Eco)
- la découverte d'un certain vertige intellectuel, typique de la bonne science-fiction : Lovecraft et ses éons, le fait que la présence humaine ne représente qu'une brève seconde dans l'éternité des astres, ses cultes innom(br)ables, la puissance qu'il accorde aux livres, au savoir, à la connaissance du passé et du folklore, tout cela concourt à flatter l'intellect du lecteur (sans le manipuler, hein, je pense vraiment qu'il le tire vers le haut : comprendre que je me sens plus intelligent après avoir lu Lovecraft qu'après avoir lu Straub, même si j'apprécie les). Il n'est d'ailleurs pas rare que les lecteurs de Lovecraft soient des lecteurs de SF.
- une mise en doute de la réalité telle qu'on nous la présente, qui fait sans doute écho aux doutes adolescents : l'équivalence conceptuelle entre les religions monothéistes et polythéistes (à mes yeux, lire Lovecraft, c'est faire de la religion comparée !), les cultes œuvrant dans l'ombre de l'histoire du monde, les civilisations perdues ou cachées,la découverte de modes d'existence ou de perception alternatifs (la séquence parfaitement psychédélique du voyage dimensionnel dans la Maison de la Sorcière, avec ses tétraèdres vivants, m'a fortement impressionné). À ce titre, je pense en effet que lire Dick, c'est en quelque sorte continuer à lire Lovecraft, tout en déplaçant le curseur du doute sur l'essence même de la réalité et sur ce que signifie être humain. Mais ils participent, je crois, d'un même parcours intellectuel, d'une même méfiance vis-à-vis des codes de la société et, in fine, d'une remise en cause du pouvoir établi (recours régulier chez les deux auteurs au personnage solitaire découvrant progressivement l'affreuse vérité, d'un ennemi protéiforme et invincible, voire de la conspiration généralisée, etc). Un autre point commun que je trouve étonnant entre ces deux auteurs : la capacité qu'ils ont à apparaître en tant que personnages de fiction dans les œuvres d'autres auteurs, comme si la figure même de Lovecraft était devenu une clé, un pont archétypal entre les mondes de la fiction et de la réalité. Pour finir, une petite anecdote trouvée dans une bio de Dick (Invasions Divines, de Lawrence Sutin) : le soir, il lisait aux deux fillettes de Anne Dick, sa troisième épouse des histoires de... Lovecraft ! Bizarrement, note Sutin, elles mettaient beaucoup de temps à s'endormir^^

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#56 2013-06-01 14:24:28

Delapore
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Re: Traductions françaises

Je ne sais pas ce qu'en pense la biologie - excusez moi, je suis un Béotien dans ce domaine. Souffrez juste que je m'exprime en tant que Chrétien (après tout, le public de Lovecraft est constitué d'un peu de tout, et je ne crois pas qu'il faut être athée pour apprécier HPL - d'autant plus qu'existe la frontière entre la fiction et la réalité). Pour moi, blasphématoire relève bien du vocable religieux (chrétien ou païen, peu importe). C'est là une contradiction entre ce que pense HPL et ce qu'il écrit. Mais n'oublions pas que Lovecraft tente absolument de nous inssufler une peur panique, un dégoût révulsif, une répugnance indicible envers ses créatures - du mythe ou hors du mythe. Or, si je suis d'accord que HPL considére ses horreurs comme blasphématoire ou impie, ou sacrilège, du seul point du vue de l'intelligence humaine au sens matérialiste du mot, cela passait mal pour le public des années 1920-1930. S'il voulait convaincre, il devait utiliser une phraséologie qui persuade ses lecteurs, de bons américains moyens "plutôt" religieux par conformisme peut être que par conviction - mais pas tous. Pour moi, Lovecraft a transcendé le fantastique victorien qu'il détestait en remplaçant "la peur pour l'âme" en "peur pour le cerveau humain". Mais il savait que cette conception était trop hardie pour les gens de l'époque.  D’où l’emploi de ce phraséologie pour paraître plus convaincant.

Je me réfère ici à l'excellent article de Jacques Van Herp dans les Cahiers de l'Herne : les monstres de Lovecraft sont des démons qui n'osent pas dire leur nom, nous dit-il, en le comparant à Jean Ray.

De plus, Lovecraf reste un puritain dans l'âme, non pas du point de vue religieux que de la mentalité. Il ne peut peut être pas se défaire de terminologies qui étaient en vogue à son époque.

Exemple (donné par Jacques Van Herp) : Dans "Les montagnes hallucinées", un héros de Jules Vernes aurait entrepris, après cette aventure, de revenir avec une nouvelle équipe et des moyens matériels plus puissants. Or, que fait le héros lovecraftien ? Il ne veut pas savoir, et avertit au début du texte quiconque voudrait se lancer dans une nouvelle expédition de ce genre ! Pourquoi ? Parce que toute la science humaine ne peut rien contre des démons.

Je sais que c'est discutable, mais je partage son point de vue, même s'il y a place pour l'ambiguité : ces créatures restent matérielles, et ne pourraient être qu'une autre espèce rivale de la notre.

Sinon, je suis d'accord avec ce que vous tous écrivez : "pitoyable" est une traduction coupable de "miséricordieux", car ce terme change intégralement l'idée que HPL veut nous transmettre. Quant à "L'habitué des ténèbres", cela fait Cthulhu au bar avec son "Allez ! Un dernier pour la route !" Mais nous commençons à être habitués à la trahision de certaines "traductions" de l'américain au français. C'est une tarre récurrente chez les traducteurs.

Et si, Jacques Papy, tant critiqué, aurait eu raison dans le choix des termes ?

Last edited by Delapore (2013-06-01 14:29:13)


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#57 2013-06-01 14:47:31

Delapore
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Re: Traductions françaises

Pickman wrote:

Je ne sais pas si cela a déjà fait l'objet d'une discussion sur le forum...
Je sais en tout cas que, personnellement, ayant été un ado anxieux, solitaire et mal dans ma peau, j'ai trouvé dans ses textes un écho à ma propre angoisse et mon "inadaptation", de même qu'une échappatoire fascinante.
Et davantage encore quand j'ai eu connaissance de sa vie. ^^

Rassures toi, Pickman, j'étais dans le même état d'esprit en découvrant Lovecraft - ado anxieus, solitaire et mal dans ma peau. A cette différence près que j'étais tombé en dépression, en plus.

j'ai moi aussi trouvé un échappatoire à mes problèmes, et, ignorant alors de la biographie de HPL, je me reconnaissais dans le personnage. Aujourd'hui, devenu adulte, je me suis trouvé des différences non négligeables avec HPL (son indifférence pour les femmes, son athéisme, ses lectures d'enfance et d'adolescence que je ne connais pas et que m'importe de ne pas avoir lu Nietzsche et Schopenhauer). De plus, j'ai appris à relativiser ses propos ("L'âge adulte, c'est l'enfer") car mon expérience de la vie m'a amenée à penser que si effectivement l'âge adulte est une épreuve, nous avons la capacité à la surmonter - parfois, pas toujours, et avec une extrême difficulté. Certes, je continue à lire un Lovecraft niant la réalité dans ses fictions parce que je ne suis toujours pas sorti de mon problème. Sinon, je vouerai un culte à un autre auteur, plus optimiste. Mais le pessimisme de HPL est comme un baume pour moi dans les moments difficiles - et ils restent nombreux.


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#58 2013-06-01 15:07:45

Pickman
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Re: Traductions françaises

Zadok wrote:

Ton message m'interpelle, dear Pickman, parce qu'il me semble avoir eu l'exact même parcours (De Lovecraft à Dick : de quoi sérieusement perturber les définitions établies du réel !). Et ta réflexion sur le lien entre Lovecraft et adolescence me semble parfaitement juste. À mon sens, elle peut s'expliquer par plusieurs points :
- une façon de se démarquer ou de trouver un échappatoire dans la lecture au monde "matérialiste" qui se dessine dans l'adolescence (parce que lire un auteur au vocabulaire fouillé, hermétique, aux visions démentielles et à la réputation, erronée on le sait, de reclus,  tranche quelque peu dans le paysage culturel d'un collège ou d'un lycée)

Exact. Et je pense d'ailleurs que c'est la raison principale qui fait que des auteurs comme Lovecraft ou Dick attirent des lecteurs autodidactes (donc souvent marginaux) comme ce fut mon cas, à l'opposé des lectures conventionnelles et/ou consensuelles que l'institution scolaire nous imposent : les sempiternelles Grand Meaulnes, Journal d'Anne Frank et autres...

- l'entrée dans une certaine communauté d'esprit : parce qu'aimer Lovecraft, c'est souvent rencontrer d'autres "fans", découvrir la profusion de textes, films ou jeux dérivés de son œuvre, mais aussi comprendre la notion d'intertextualité, de patrimoine et de jeu littéraire (entre les rédacteurs de Weird Tales, tout d'abord, mais aussi les hommages/incursions d'autres grands auteurs dans l'univers lovecraftien - je pense à Borges, à Alan Moore et même Umberto Eco)

Oui. On retrouve d'ailleurs cette même communauté d'esprit et de jeu littéraire dans la science-fiction en général. Raison pour laquelle aussi elle m'a beaucoup intéressé, surtout à une époque. Et bien avant l'arrivée d'Internet, qui bien sûr a permis de renforcer encore cet esprit communautaire et ses références communes.

- la découverte d'un certain vertige intellectuel, typique de la bonne science-fiction : Lovecraft et ses éons, le fait que la présence humaine ne représente qu'une brève seconde dans l'éternité des astres, ses cultes innom(br)ables, la puissance qu'il accorde aux livres, au savoir, à la connaissance du passé et du folklore, tout cela concourt à flatter l'intellect du lecteur (sans le manipuler, hein, je pense vraiment qu'il le tire vers le haut : comprendre que je me sens plus intelligent après avoir lu Lovecraft qu'après avoir lu Straub, même si j'apprécie les). Il n'est d'ailleurs pas rare que les lecteurs de Lovecraft soient des lecteurs de SF.

Et une certaine perception qui va au-delà d'un contexte souvent étriqué, égocentrique voir anecdotique comme une certaine littérature française actuelle (les autofictions par exemple) dont je parlais sur un autre fil récemment...

- une mise en doute de la réalité telle qu'on nous la présente

Sur ce sujet, je renvoie au fil que j'ai pu ouvrir dernièrement, Le réel, l'illusion et Clément Rosset : http://forum.hplovecraft.eu/viewtopic.php?id=1790
C'est un sujet qui me touche particulièrement, comme je l'ai déjà dit. Et donc je préfèrerais en parler ailleurs pour pouvoir m'y étendre davantage.

Concernant HPL et Dick, on trouve en effet des points communs (et des dissemblances aussi ^^) et j'aurais aimé ouvrir un fil à ce sujet d'ailleurs.
Notamment parce que, contrairement aux autres auteurs de SF, on retrouve chez Dick des préoccupations et une ambiance anxiogènes qui le rendent souvent plus proche, d'un certain point de vue, du fantastique/de l'épouvante qu'une SF rationaliste et "rassurante" du type de celle d'un Asimov ou d'un Clarke. Idem sur ses rapports avec la divinité.

Pour finir, une petite anecdote trouvée dans une bio de Dick (Invasions Divines, de Lawrence Sutin) : le soir, il lisait aux deux fillettes de Anne Dick, sa troisième épouse des histoires de... Lovecraft ! Bizarrement, note Sutin, elles mettaient beaucoup de temps à s'endormir^^

Je m'en souviens. smile


@Delapore : pour la première partie de ton post, c'est vrai qu'il faut remettre ce terme dans le contexte de l'époque aussi et... du public américain.
Pour ce qui est des croyances personnels, il n'est évidemment pas nécessaire d'être athée (ou agnostique) pour apprécier HPL.
Tu peux rester parmi nous, Delapore wink
En outre, je remarque que, même si je n'ai pas l'esprit religieux et/ou que je ne crois pas à l'existence des démons, cela ne m'a jamais empêcher d'avoir la trouille (ou même ressentir un certain "trouble", disons, et un frisson irrationnel) avec L'Exorciste. smile

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#59 2013-06-01 17:20:01

Delapore
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Re: Traductions françaises

Je te remercie, Pickman, en tant que webmestre de ce site, de ne pas m'avoir radié de la liste des membres. wink

D'autant plus que je me sens un  peu dans l'état d'esprit des lecteurs américains blancs anglo-saxons (WASP) en lisant Lovecraft. Par chance, le "politically correctness" n'a pas encore englué de ses vagues putrides le rivage de notre douce France -dans certains sites du moins.Non, je plaisante, je n'aime pas plus les à-priori des nostalgiques du Ku Klux Klan que de celui en vogue dans les universités etats-uniennes.

Je ne suis pas étonné que "L'exorciste" ait fait une telle impression sur toi : c'est un excellent film. Et pourtant, il fait la part belle aux Jésuites, l'avant-garde militante du catholicisme romain.

Mais foin de tout cela : je suis heureux de pouvoir participer à un site où ne se trouve pas un gardien du temple pour vous clore le bec en braillant "Blasphème ! Blasphème!"

Et tu ne me croiras pas si je te dis que Jai été écoeuré d'avoir été honteusement vilipendé autrefois par certaines personnes sur des sites autres.


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#60 2013-06-01 20:59:58

The_Whisperer
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Re: Traductions françaises

"Si l'abjection représente l'un des éléments indispensables à la définition de l'horreur, les théoriciens ont beaucoup insisté aussi sur son lien avec le sentiment du sacré. Inutile d'ajouter que Lovecraft était pleinement conscient de l'existence de ce lien; son horreur est une sorte de négatif du sacré, tout comme ses dieux transposent en cauchemar la mythologie ancienne."
Lovecraft pioche largement dans tous les champs lexicaux liés à l horreur (à croire qu il en a tracé une cartographie), pas sûr que ce soit un calcul pour être approprié aux lecteurs de l époque... En tout cas, qu il y ait un croyant parmi nous j ai tendance à trouver ça plutôt cool, ça montre qu il peut y avoir une certaine ouverture d esprit à notre époque, pareil quand je rencontre un chrétien écoutant King Diamond malgré l imagerie sataniste.

Delapore wrote:

Certes, je continue à lire un Lovecraft niant la réalité dans ses fictions parce que je ne suis toujours pas sorti de mon problème. Sinon, je vouerai un culte à un autre auteur, plus optimiste.

Ah?? J ai pas besoin d être mal du tout pour apprécier sa fiction, même si on peut y trouver une sorte de consolation quand c est le cas. Après, même dans un quotidien parfaitement heureux, je vais pas remettre en cause l indifférence de notre passage dans le cosmos ou les défaillances du genre humain, alors bon... Si tu viens pas pendant des éons on s inquiètera pas de ton sort alors cool

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#61 2013-06-01 22:26:39

Pickman
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Re: Traductions françaises

Certes. Mais probablement qu'on ne le lit pas tout à fait de la même façon selon que l'on est quelqu'un d'un naturel cool et optimiste ou quelqu'un d'anxieux, d'inadapté et de pessimiste.
Dans le seconde cas, on considèrera la vision du monde d'un HPL avec distance sans pour autant la remettre en cause. Du genre "c'est la vie !"
Dans le premier cas, on pourra y trouvera une résonance à ses propres angoisses et/ou sa propre vision du monde.

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#62 2013-06-02 19:33:07

Delapore
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Re: Traductions françaises

Pickman wrote:

Certes. Mais probablement qu'on ne le lit pas tout à fait de la même façon selon que l'on est quelqu'un d'un naturel cool et optimiste ou quelqu'un d'anxieux, d'inadapté et de pessimiste.
Dans le seconde cas, on considèrera la vision du monde d'un HPL avec distance sans pour autant la remettre en cause. Du genre "c'est la vie !"
Dans le premier cas, on pourra y trouvera une résonance à ses propres angoisses et/ou sa propre vision du monde.

Le doute est le propre du christianisme, donc le genre lovecraftien ne me dérange pas, en dépit de ses positions strictement matérialistes. Je trace une frontière très nette entre la réalité et la fiction. Et même si cette frontière se déchire, je peux me dire "Après tout, Lovecraft a raison". Mais cela ne dure pas longtemps, et je nourris toujours quelques espérances au sujet de l'au-delà et de la faveur divine.Je ne considère pas, en dépit de mes problèmes personnels, que Lovecraft reproduit la réalité désespérante qui est l'une des marques de fabrique de son oeuvre. Je peux me dire : "Lovecraft voyait le monde en noir parce qu'il n'avait rien à quoi s'accrocher". D'après ses récits, ni la science ni la religion ne peuvent aider l'Humanité à lutter contre les Grands Anciens. Mais encore une fois, je ne crois pas que HPL ait dicté ma conscience du monde, sauf lorsque j'étais ado, mais plus maintenant, en tant qu'adulte. On peut apprécier un auteur ayant des idées très différentes des votres, du moment qu'il vous aménage un jardin de loisirs pour votre seul amusement. Lorsque je lis Lovecraft, je prends beaucoup de plaisir, sachant qu'il reproduit effectivement son imaginaire noir et pessimiste, Et je "m'amuse" à le croire, car le chrétien est aussi tenté par le désespoir ou la négation de Dieu. Pour reprendre l'expression de Jacques Van Herp ("Les Anciens sont des démons qui n'osent pas dire leur nom") la présence de démons dans une fiction ne me fait pas peur, ce qui est le cas, croyez le, de beaucoup de croyants qui sont mal à l'aise avec l'épouvante et le fantastique. Et s'il s'agit d'extra-terrestres purement matériel qui régissent notre monde, je me dis parfois "Pourquoi pas ?"

Effectivement, Pickman, les gens ne lisent  pas toujours HPL de la même manière selon laquelle ils sont optismistes ou pessismistes. Mais cela ne vaut pas pour moi : ado, j'étais dépressif, et appréciait Lovecraft. Aujourd'hui, avec l'âge adulte qui m'a permis de mettre un peu d'eau dans mon vin, je l'apprécie toute autant. C'est juste que je ne cherche plus à m'identifier à un WASP des années 20-30 qui avaient ses propres préoccupations qui ne sont pas les miennes (Exemple : la vénération de HPL pour l'esthétisme - personnellement, je suis en mesure d'apprécier le charme dest ruines gothiques comme il en existe beaucoup en Alsace, mais je ne considère pas comme lui que l'esthétisme est une raison de survivre).

PS : j'ignorai que les croyants étaient des "bêtes curieuses" dans l'univers des lecteurs de HPL, à l'intar des filles, voire pire. Beaucoup de croyants rejettent l'horreur parce qu'ils considèrent qu'elles émanent d'un esprit démoniaque. Mais il n'y a pas besoin d'être croyant pour vomir l'horreur. Je connais trop de gens athées qui s'en écartent en considérant que c'est "de mauvais goût", morbide, malsain... Enfin bref, nous sommes presque des pédophiles, autant les fans de Stephen King que de Lovecraft.

Last edited by Delapore (2013-06-02 19:37:34)


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#63 2013-06-08 16:16:56

Bel Shamharoth
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Re: Traductions françaises

Ça me rappelle ''Jesus Camp'', où l'on voit une mégère diaboliser Harry Potter parce que la bible, d'après elle, condamne la sorcellerie.
Elle est incapable de faire la part des choses entre la fiction et le réel et rejette un aspect de l’œuvre alors que le reste des valeurs véhiculées sont d'une moralité toute chrétienne.

Moi j'aime bien Jésus, je ''m'amuse à y croire'' comme tu le fais de Lovecraft, Delapore.
Même si j'ai du mal avec les théologies anthropomorphiques, les valeurs exprimées par ce mec sont vitales pour améliorer ce monde pourri d'égoïsme.
Elles étaient révolutionnaires pour son époque et continuent aujourd'hui à être rejetées, y compris par ceux qui se réclame du christianisme.
Sans dec' !!! Comment peut-on se dire chrétien et inciter à la haine de l'autre parce qu'il est différent par des détails ?
Comment peut-on placer le respect de coutumes avant la valeur de la vie humaine ?

Je partage en grande partie la vision du monde des chrétiens mais je ne veux pas rentrer dans leur communauté, elle est trop figée sur ces certitudes.

Mais effectivement, pas besoin non plus d'adhérer à une religion pour avoir l'esprit étroit et borné. L'athéisme positiviste est une religion qui, comme dirait l'autre, est la pire, puisqu'elle s'ignore.


Ton ami, lui, va rencontrer Bel-Shamaroth. Toi, tu vas seulement mourir.

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#64 2013-06-09 18:12:45

Pickman
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Re: Traductions françaises

"Jesus Camp" est à vomir : je n'ai même pas pu le terminer. C'est pire que toutes les sectes vouées aux Grands Anciens qu'on puisse imaginer.
Le décervelage pratiqué sur des gosses (esprits forcément facilement malléables) est le pire des crimes.

Bel Shamharoth wrote:

Je partage en grande partie la vision du monde des chrétiens mais je ne veux pas rentrer dans leur communauté, elle est trop figée sur ces certitudes.

Mais effectivement, pas besoin non plus d'adhérer à une religion pour avoir l'esprit étroit et borné. L'athéisme positiviste est une religion qui, comme dirait l'autre, est la pire, puisqu'elle s'ignore.

Les certitudes bien enracinées, qu'elle soient du côté des croyants ou des athées d'ailleurs, sont apparement nécessaires à certaines personnes pour vivre. Elles s'y accrochent de toute leur force car, dans le cas contraire, elles sont perdues et pourraient sombrer dans le désespoir.
C'est pour moi ce qui explique l'attitude de ces gens, leur pensée figée, leurs théories, leur intolérance, voir les horreurs qu'elles peuvent commettre.
Pour eux, c'est une question de survie : elles ont besoin de garder leurs illusions (on en revient à Clément Rosset !). Hors, pour les garder, il faut obligatoirement repousser tout ce qui pourrait nuire à cette construction mentale.
Ils vivent dans la crainte permanente que leurs certitudes s'effondrent. Et leur réaction est donc à la mesure de l'angoisse ressentie.
Pour les croyants les plus "cadenassés" et les philosophes athées, cela revient à élaborer un système de pensée rigide et camper fermement sur ses positions.
Pour les plus fanatiques, cela revient à démolir tous ceux qui n'entrent pas dans ce système de pensée.
Au final, tout ça est lié à cette fameuse condition humaine où, face au silence de l'univers, on ne peut que s'inventer des fictions consolantes et s'y accrocher. Et surtout vouloir ignorer ou gommer toute contradiction.

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#65 2013-06-09 19:44:56

Delapore
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Re: Traductions françaises

Bel Shamharoth wrote:

Elles étaient révolutionnaires pour son époque et continuent aujourd'hui à être rejetées, y compris par ceux qui se réclame du christianisme.
Sans dec' !!! Comment peut-on se dire chrétien et inciter à la haine de l'autre parce qu'il est différent par des détails ?
Comment peut-on placer le respect de coutumes avant la valeur de la vie humaine ?


Mais effectivement, pas besoin non plus d'adhérer à une religion pour avoir l'esprit étroit et borné. L'athéisme positiviste est une religion qui, comme dirait l'autre, est la pire, puisqu'elle s'ignore.

Nous sommes donc tous d'accord (et avec Pickman) pour dire que le christianisme n'a pas - ou n'a pas eu - le monopole de l'intolérance.

Juste une nuance à t'apporter, Bel Shamharoth, on ne peut pas dire des Chrétiens d'aujourd'hui qu'ils rejettent les pensées humanistes de Jésus. Hors quelques groupuscules autour de Monseigneur Lefebvre, et quelques évangélistes protestants américains, ou une baptiste perdue au fin fond de son Middle West, les croyants ont fini par mettre de l'eau dans leur vin.

Je ne veux pas m'engager sur un sujet "brûlant", mais l'intolérance religieuse aujourd'hui provient surtout du coté des croyants de la part des islamistes, qui sont bien plus nombreux. C'est un vrai cauchemar pour les Chrétiens qui vivent au Proche-Orient, la peur d'être assassinés dès qu'en Occident, un journal se permet de caricaturer Mahomet, alors qu'à l'inverse, les Musulmans en France ne sont pas inquiétés (heureusement, évidemment).

Remarques que je n'entends pas renier les crimes de l'Eglise d'autrefois, mais la situation s'est améliorée  concernant les Chrétiens.

Mais laissons là. Ce qu'écrit Pickman est juste. Certains individus, de quelque croyance qui soit (athée compris) ont besoin de certitudes pour se rassurer dans ce monde qui marche sur la tête. Et les certitudes trop établies sont incompatibles avec les contradictions et les différences.

Last edited by Delapore (2013-06-09 20:36:26)


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#66 2013-06-22 19:57:13

The_Whisperer
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Re: Traductions françaises

Ben personne ne semble ici avoir testé ces traductions, dommage pour le débat!

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#67 2013-06-23 11:50:47

The_Whisperer
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Re: Traductions françaises

Oui cette interview est sympa, même s il manque encore la fin visiblement.

KADATH wrote:

Je viens de lire un des textes traduit et je trouve qu'il est meilleur que dans les précédentes éditions...

Ah?? Si tu pouvais mettre un ou deux extraits on t en voudrait pas smile

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#68 2013-06-25 20:33:24

The_Whisperer
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Re: Traductions françaises

Oh merci Kadath t es un "sommet" cool

On devine l approche opposée de ces traductions, c est sûrement une question de préférence personnelle... Camus colle vraiment à l original, le risque étant que le passage au français tend à resurcharger les phrases. M a laissé une impression de rythme un peu épique.

Chez le libre Pérez on pourrait regretter, en particulier, la coupe de la dernière phrase (mais en y réfléchissant, si les dieux vivent dans un endroit où nul homme ne se rend, et du moins s ils le savent, à quoi bon une "plus haute montagne où fuir les hommes" !). A mon oreille sa construction a un goût de merveilleux plus prononcé.

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#69 2013-07-02 18:18:04

Delapore
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Re: Traductions françaises

Je suis d'accord avec "The Whisperer". De plus, le style m'a l'air plus élégant, et les mots mieux choisis chez Camus. Bon, bien que j'ai déjà en ma possession plusieurs versions des mêmes textes, il y a de l'achat dans l'air... J'ai déjà "Les contrées du rêve", achetés juste à titre de collectionneur, mais je vais le lire. Les interwiews m'ont l'air intéressantes. Je regretterai quand même les traductions de Jacques Papy, qui m'ont fait découvrir Lovecraft.

Last edited by Delapore (2013-07-02 18:44:43)


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#70 2016-03-10 14:33:24

The_Whisperer
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Re: Traductions françaises

Pour avoir moi même entrepris, sur tous les extraits que j avais pu trouver, une scrupuleuse comparaison... Qu il me suffise de recopier mon avis amazon sur le Montagnes hallucinées et autres de Camus :

"Nouveauté, modernité présumée, sans oublier une hausse de la fidélité, sont des arguments de vente implacables. Beaucoup y sautent les yeux fermés, c'est en tout cas ce qu'on peut penser quand X déclame (vu plusieurs fois) : "j'ai lu Lovecraft il y a 20 ans, ah oui enfin une excellente traduction!". Appréciation solide, n'est-ce-pas?

Si vous effectuiez de véritables comparaisons avant l'achat, ce serait encore le mieux à faire. Peut-être alors vous accorderez-vous avec moi : ces traductions, d'un point de vue littéraire (musique et rythme, choix d'expression), sont inférieures à celles de l'intégrale, ce qui les rend précaires même pour le fan."

Bref pas nécessairement calamiteux mais inférieur, et les traductions de Lebon le sont sans doute encore plus. Ce qui me fait cultiver de gros doutes quant aux autres traducteurs récents de HPL, alors que les dernières traductions de Smith, Dunsany ou Robert Howard sont excellentes d un point de vue littéraire.

Il va sans dire qu on parlera encore des traductions coupées de Jacques Papy, mais voilà longtemps qu elles sont complétées, et vu leur haut niveau, ce n est juste plus une excuse. Le seul argument réel en faveur de Camus, c est d avoir proposé le cycle entier de Randolph Carter bâclé par Bernard Noël (même si le style en lui même n était peut être pas si mauvais), qui n avait pu être modifié pour l intégrale (mais peut être que Arnaud Mousnier-Lompré a fait mieux pour Kadath). A ce propos je sais pas vous mais pour avoir lu cet entretien avant les Noël de Bouquins, j ai bien repéré quelques soucis mais pas ce fameux coup du "tennis".

Pour le caractère daté, inutile de rappeler que certains auteurs ont un style volontairement suranné qui colle à leur projet. Ca ne veut pas dire que ces auteurs n auront jamais besoin d update, encore faut il savoir quoi updater (pour une oeuvre donnée, certains archaïsmes n ont alors plus de raison d être et d autres pas). Trop de traducteurs manquent le bagage et la clairvoyance qu il faudrait pour ce genre de boulot, traitent ça comme n importe quelle autre oeuvre sans trop se poser de questions, et pour finir on s éloigne surtout de la qualité et de l esprit original. Sans doute révélateur : il y a peu je parlais à un éditeur, qui disait que pour lui il faudrait une nouvelle traduction pour un de ces écrivains plein d archaïsmes. Quand je lui demande dans ces conditions ce qui a vieilli et ce qu il faudrait changer, il est juste incapable de me répondre. Dans tous les cas sur cette question aussi, mon avis est que ces bonnes vieilles traductions de Lovecraft ne dissonent pas pour le moment, surtout en regard de son propre style. Ces 25 ans c est juste faux, à tout le moins non automatique. Les premières traductions d un Shakespeare ont évidemment vieilli, on trouve des trucs comme "stryge" pour parler couramment de sorcière. Les traductions signées Baudelaire, qu est ce qu on fait donc avec après 150 ans?

Last edited by The_Whisperer (2016-03-10 17:25:46)

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