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#51 2012-02-27 15:45:43

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Nyarly wrote:

De fort belles critiques ma foi, amplement justifiées wink

Je veux le croire, je veux le croire smile


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
HPL

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#52 2012-02-27 15:46:46

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

KADATH wrote:

Je note cette très belle (et très juste) phrase:

"...quelle peut être la place de l'Homme dans un monde auquel nul Dieu ne donne de sens..."

C'est vrai c'est une très bonne critique bien que très succinte.

Succint, mais sur Chronicart, tout de même !

Je ne boude pas mon plaisir big_smile


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
HPL

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#53 2012-03-01 18:09:04

Robert Olmstead
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Schizodoxe wrote:

Je suis curieux d'avoir les avis de Delapore , Zadok et Robert Olmstead smile

Et bien voilà c'est fait je l'ai lu, deux fois. Car j'ai aimé, et aussi parce que le sujet était dense et méritait au minimum deux lectures et sûrement quelques unes un de ces quatre matins Lovecraftien.

Dire que j'ai aimé, c'est peut dire! J'ai retrouvé le même plaisir d'étonnement intellectuel (dans le bon sens du terme) que lorsque j'ai découvert les écrits de Maurice Levy et Michel Houellebecq.

Enfin une étude (en français et je ne suis pas sur que l’équivalent anglo saxon existe) sur un des aspects les plus controversé de l'ami Lovecraft à savoir sa "philosophie" et sa conception matérialiste et athée du monde sans rien omettre des zones d'ombres et de contradictions de l'écrivain: son racisme patent, et ses peurs morbides d'une époque ou il ne trouvait pas ou plus sa place.

En moins de 77 pages (un record tant le sujet était dense) notre ami Schizodoxe pose les bases solides, et je ne pense pas que l'on puisse le prendre en défaut, du matérialisme athée de l'écrivain sur les bases du réalisme scientifique dont Lovecraft se sentait proche et met le doigt sur le mouvement de balancier que l'écrivain opéra toute sa vie entre un conservatisme pur et dur et un libéralisme prudent en manière de mode de pensée et de vie, mais aussi dans sa conception d'écrire, ou l'onirique le dispute à l'horreur pour ensuite se réunir dans une seule et même conception (l'horreur cosmique) : le style Lovecraft! Et ou, je suis d'accord, la philosophie "Lovecraftienne" s'applique à plein et ou notre auteur préféré malgré un style "précieux" et très XVIIème , des personnages apparemment peu épais, réussi là ou d'autres échouent: nous emmener dans une histoire ou nous savons déjà la fin tragique du héros malmené par des forces le dépassant et sans que nous puissions, comme lui,  y échapper.

Que dire de plus si ce n'est que ce livre petit par la taille, mais immense quand au savoir maîtrisé et chose importante, accessible (rare par les temps qui courent) de l'auteur est à mettre d'urgence entre les mains de tout bon Lovecraftien qui se respecte. Comme l'a dit déjà Schizodoxe lui même, la lecture de Lovecraft est décuplée si on associe la lecture de ce que fut sa vie (les lettres et les témoignages) et les essais le concernant qui apporte à ce que nous lisons un autre sens sans rien enlever de l'état second que cette lecture peut nous procurer.

J'ai adhéré sur tout sauf sur trois points. Le premier est celui de l'influence première que sa vie privée plutôt malheureuse a pu avoir dans sa conception du monde et de ses rapports au monde. Le second sur le fait que l'horreur Lovecraftienne est essentiellement externe, et le troisième sur l'idée fausse selon moi que le Cauchemar d'Innsmouth est une nouvelle uniquement "raciale".

Pour le premier point  il est vrai qu'il était dur de faire mieux ou de décrire plus en 77 pages qui devait être le format imposé!  Et donc si le sujet est abordé c'est surtout l'éducation de Lovecraft (histoire, philosophie, sciences) qui est mis en avant comme condition et résultante finale de son matérialisme athée. J'y aurait rajouté aussi les épreuves qui se suivirent les unes derrière les autres dans la vie de Lovecraft. De l'internement de son père à ses trois ans à sa misère matérielle à la fin de sa vie et qui influèrent voir prédéterminèrent ses choix philosophiques. En ce sens, je rebondis, rapidement sur le point deux,  l'horreur Lovecraftienne n'est pas qu'externe selon moi mais aussi interne dans le sens ou le héros Lovecraftien n'est souvent qu'une projection de Lovecraft lui même et ce qu'il a pu éprouver ou vivre et que la folie ou "l’infestation hybride" est déjà là  mais le héros ne le savait pas. Ce sont les forces et l'horreur externes qui le font revenir à ce qui devait être son état originel et de là je rebondis au point trois: le cauchemar d'Innsmouth (je n'ai pas pris le surnom de Robert Olmstead pour rien! smile )

On peut voir cette nouvelle comme une énième variation sur le thème de "l'hybridation" chère à l'auteur mais je pense qu'elle est en fait lié à la malédiction génétique et surtout sur une acceptation de cette "tare". L'un des détails important de cette nouvelle par rapport à celles "... d'Arthur Jermyn" mise en parallèle dans l'essai, est que le héros ne se suicide pas (comme Jermyn ou Lovecraft dans sa vie réelle) mais accepte son état de monstre (comme Lovecraft?).

Les créatures hybrides ne sont pas des étrangers, mais des frères, le héros leur est lié par le sang. On ne sait même pas si, quand ces créatures essayent de rentrer dans sa chambre, elles en veulent réellement au héros. Lui en tout cas prend peur mais sûrement à tort car à la fin il n'aspire qu'a les rejoindre. Dans son essai (Lovecraft 10/18) Maurice Lévy consacre un chapitre à l'abominable et vampirique hérédité et dans mon blog j'essaye, modestement, de relayer le fait que dans cette nouvelle en particulier, (mais aussi quelques autres) Lovecraft s’intègre dans le monde des monstre hybrides même si son éducation lui dicte un temps de dénoncer une abomination et de faire intervenir pour Innsmouth l'armée et la dispersion dans des asiles de fous de la population dont lui même fait partie (merci pour la référence à l'épisode passionnant de Malaga Island que je ne connaissais pas).

Dans le cauchemar d'Innsmouth (rappelons que le titre exact aurait du être: l'ombre sur Innsmouth nettement plus évocateur) ce que raconte Lovecraft c'est l'histoire de son père et de lui même personnifiée en un seul et même héros. "L’infectation" est ici la syphilis que le pére contracta et qui pesa toute leur vie durant  sur Lovecraft et sa mère. L'oncle suicidé correspond bien au suicide d'un oncle de Lovecraft, le cousin interné à cause de la même hybridation de la nouvelle fait écho à un cousin du père de Lovecraft interné lui aussi pour syphilis, etc, etc, Comme Marcel Levy, je suis d'accord que selon Lovecraft le mal, l'horreur est déjà en nous et donc interne.  Un mal et une horreur interne que nous héritons de notre condition d'humain (une conception puritaine du péché originel) et des aléas de l'histoire familiale et de la domination de ces antécédents familiaux dans un monde qui "soudain" apparaît (après réflexion) vide de sens.  "L'objectivité apparente dont il enveloppe ses remarques sont sans doute les preuves de son art, mais aussi le sûr indice d'un effort tenté pour dramatiser - et par conséquent dépasser - des conflits intimes" Maurice Levy.

Il y a je pense alors une relecture à faire des nouvelles de Lovecraft en intégrant que certain de ces écrits ne sont pas que de simples et brillantes constructions intellectuelles en phase avec la philosophie du puritain sceptique de Providence (ce que montre et démontre  avec brio le Dernier puritain de notre ami Schizodoxe) mais aussi un manière de parler et de dépasser les conflits personnels liés à son histoire et qui l'agitaient.

Concernant son matérialisme athée et son puritanisme sceptique Schizodoxe démonte toute la mécanique complexe de La pensée de Lovecraft en pointant du doigt les excès qu'une telle dichotomie a engendré chez l'écrivain.

Last edited by Robert Olmstead (2012-03-01 22:31:22)


Robert Olmstead

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#54 2012-03-16 22:34:57

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Merci beaucoup pour cette critique smile

Pour répondre rapidement aux différents points que tu abordes, voici ce que je peux dire :

1. sur la longueur. Ce n'est pas un exercice imposé. Certes, Philippe Gindre aurait fait preuve de beaucoup de réticence s'il s’était agi de 18 volumes de 700 pages, mais il ne m'a rien imposé (des éditeurs comme lui, hein, moi, je vous dis qu'on n'en aura pas toujours). J'ai choisi de faire court pour différentes raisons. La première est que je ne vois pas de raison de faire long quand on peut faire court. La seule exigence est d'être compris par les lecteurs désirés. Je savais écrire pour des gens qui connaissaient Lovecraft et qui s'y intéressaient suffisamment pour acheter un livre sur un point particulier de sa philosophie. Donc, j'écrivais pour un lectorat de niche. Je pouvais être direct. Néanmoins, j'ai écrit des résumés des nouvelles parce que 1. je veux que, au pire, un type qui veut lire mon essai pour se guider dans sa lecture orientée de Lovecraft puisse le faire et 2. je veux présenter les histoires selon l'angle que je désire développer et donc, je préfère que celui qui connaît les nouvelles se les remémore sous un certain angle que j'indique.

2. comme le sujet est beaucoup plus important et tu avances des arguments très pertinents je serai très bref : j'ai volontairement, délibérément et à dessein délaissé l'aspect psychologique. Pourquoi ? Parce que la psychologie présuppose l'âme et que Lovecraft n'y croyait pas et que je n'y crois pas plus, parce que la psychologie me semble une science trompeuse (je ne dis pas spécieuse, je dis trompeuse parce que risquée), parce que le psychologisme est une tentation commode pour faire dire ce que l'on veut à ce que l'on veut (cf. Schnabel), parce que la théorie de Freud relève d'un "symbolisme puéril" (les mots sont de Lovecraft — en même temps, je me demande si ce l'œuvre de Lovecraft elle-même n'est pas un "symbolisme puéril" (au sens de littérature pour enfant qui a été discutée ailleurs)…) et parce que j'ai fait ce choix. Comprenons-nous bien, je ne prétends aucunement à l'objectivité. J'ai essayé d'être honnête, c'est tout.

De là, les trois points que tu relèves s'expliquent. Je ne crois pas du tout, par exemple, à l'explication du Cauchemar d'Innsmouth par la syphilis du père. L'ombre qui se porte sur Innsmouth est celle de l'abâtardissement. Cela me semble infiniment plus simple et économique (au sen Ockham) que le recours à la psychologie.

Je vais citer un homme de mauvaise réputation pour éclairer cela, David Duke :

I noticed that the temple's dome had partially caved-in. Only two walls remained standing. Still closer, I saw thousands of pockmarks eroding the structure. Each of them had once housed a precious stone, but these had long ago been pried loose and picked clean. I wondered if all the monuments of Europe and America would eventually endure the same fate as this one.

Around the corner of the temple, on the partially shaded side, I saw something that will forever remain in my memory. In the shade sat a little, brown, half-caste Indian girl. She was thoroughly emaciated and resembled some sort of hideous doll except that she moved slightly, and her animated bones and skin had a terrifying effect. She was so malnourished that her face had not developed properly, but her eyes were very large, and in their own way they were hauntingly beautiful. On one cheek was an open sore the size of a quarter. More sores covered her arms, chest, and legs. Dozens of flies covered each sore, jockeying with each other to feast on her flesh. Occasionally the little girl would brush her frail hand over one of the sores, causing the flies to retreat. Inevitably, though, once her hand had passed, the flies returned like iron filings to a magnet. The child held her hand out to me, begging for a few rupees. I dug my hand deep into my pocket, pulled out all the Indian coins I had, and carefully tipped them into her dark, skeletal hand. I turned and stumbled back out into the hot Indian sun, my eyes blinded by tears.

On the way back to my room I wondered if, in a few hundred years, some half-black descendant of mine would be sitting among the ruins of our civilization, brushing away the flies, waiting to die. Every day our nation grows a little darker from the torrential immigration of non-Whites, high non-White birthrates, and increasing racial miscegenation — and with each passing day, we see the quality of our lives decline. Crime is ever on the increase, drug activity proliferates, educational quality declines, and the American standard of living suffers. There are those who ridicule the healthy racial values of our forefathers and replace them with the pseudo-science of egalitarianism. Treason to our heritage thrives, and corruption feeds in the highest places.

C'est bien moins intéressant et moins bien écrit que le Lovecraft de la nouvelle dont il est question, mais c'est très exactement la même chose, j'en ai la conviction profonde.

Last edited by Schizodoxe (2012-03-17 00:12:08)


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
HPL

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#55 2012-03-17 00:19:06

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

En fait, Le cauchemar d'Innsmouth, c'est ça.


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
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#56 2012-03-19 10:39:24

Robert Olmstead
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Une petite mise au  point: je ne suis pas un fana de psychologie à outrance. Et même si le mot âme est contenu dans le nom de cette discipline et que, je suis d'accord, on la pratique à torts et à travers de nos jours, elle reste un (des) moyen d'explorer le psychisme et d'en comprendre le mécanisme (au moins essayer). Maurice Lévy déjà à son époque précisait qu'aborder Lovecraft uniquement sous l'aspect psy était dangereux car on pouvait y trouver tous les cinq mots de références à la sexualité, la bestialité, le refoulement, la schizophrénie, et j'en passe... Il faut dons se méfier de tout expliquer à la seule lumière de la psychologie. Je suis d'accord. 

Concernant Innsmouth,  mes multiples relectures (je prépare un scénario sur cette nouvelle qui "m’obsède" - un problème psy? smile -  depuis le jour ou je l'ai lu) ont été accompagnées de recherche sur sa genèse et sur bien entendu Lovecraft. Je suis parti d'une hypothèse: cette nouvelle ne parle pas du racisme ou de l'abâtardissement Lovecraftien , et j'ai essayé de démontrer cette hypothèse. Mon intime conviction est que cette nouvelle particulière parle du père de Lovecraft et de sa maladie et  de la "malédiction" qui pesait sur les épaules de Lovecraft fils qui pouvait être infecté. Une affirmation tenace liée à l'analyse de sa correspondance fait dire à ses biographes que Lovecraft n'a jamais rien su  de la maladie de  son père sous la seule preuve que ce dernier n'en parle jamais dans ses lettres! (c'est bien connu les gens parle souvent de  la syphilis de leur père dans leurs lettres!) C'est bien mal connaitre je pense la "psychologie" pour le coup, surtout celle du gamin surdoué et curieux que Lovecraft fut et continua a être adulte. La quête du pére est un fondamental du développement humain et HPL scrutant sa généalogie (surtout maternelle dans ses lettres) ne fait qu'essayer de confirmer son appartenance à une caste, une histoire et un destin quelque part.   

La relecture de Lovecraft, tu l'a bien précisé et je suis d'accord, est plus que passionnante que si on y allie la lecture de ses lettres et de sa vie pour ce qu'on en connaît. Un écrivain, à dessein ou de façon inconsciente laisse toujours une part de son histoire personnelle dans ses écrits. Il ne parle que de ce qu'il connaît et même dans les histoires fantastiques ou de fictions on les reconnaîtra souvent dans tel ou tel personnage ou situation décrite. La genèse du Cauchemar d'Innsmouth, son histoire dans l'histoire même de Lovecraft en font une oeuvre à part et ma conviction  s'est accompagné d'une analyse logique à défaut de psy-chologique pour affirmer que le cauchemar est l'histoire révélée du père de Lovecraft et de sa maladie (et de Lovecraft lui même en un seul et même personnage) La "preuve" tient surtout sur l'énumération de 3 points avérés:

1/ L'infectation du personnage par une maladie le transformant en monstre (la neuro syphilis du père. Cette maladie peut s'accompagner de déformation physique importante, le sujet perd aussi l'usage de la parole et de la raison le rendant ainsi "non-humain")
2/ le suicide d'un oncle du personnage (fait avéré là aussi dans l'histoire des Lovecraft, officiellement pour folie) et enfin
3 l'internement encore du cousin touché par la "maladie" d'Innsmouth (le cousin du père de Lovecraft, Joshua, fut lui aussi interné pour la même neuro-syphilis. Ce dernier avait travaillé et vécut avec le père de Lovecraft ce qui ouvre là aussi des pistes intéressantes).

En mathématique quand 3 points se suivent dans l'espace on ne parle plus de hasard mais de construction logique et je citerais en réponse au rasoir d'Ockham, l'anti rasoir de Chatton smile

" if an explanation does not satisfactorily determine the truth of a proposition, and you are sure that the explanation so far is true, some other explanation must be required."

Le débat reste ouvert....


Robert Olmstead

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#57 2012-03-30 10:05:30

Delapore
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Félicitations pour ton essai, Schizodoxe : une oeuvre agréable à lire, instructive, accessible, bref, passionnante. J'espère que tu nous gratifieras à l'avenir d'autres "morceaux" de ce genre ! smile

Je n'ai pas les bagages nécessaires pour soutenir votre débat, à Robert Omlstead et toi, je soulignerai juste que, s'agissant du "Le cauchemar d'Innsmouth", j'ai du mal à penser à la syphillis du père, et s'il fallait penser à quelque chose (ce n'est pas une obligation car on peut lire le texte de manière purement ludique), j'opterai plutôt pour l'amalgame ethnique et la déchéance qu'elle occasionne (du moins selon HPL). Mais je ne suis pas non plus un fan de la psychologie. Je pense que Lovecraft a souvent pensé à lui quant il écrivait, ce qui explique la faiblesse de psychologie de ses personnages, car ce sont des archétypes, toujours identiques d'un texte à l'autre, dont l'insignifiance doit relever le caractère redoutable et épouvantable des horreurs dont ils sont les victimes. Maintenant, pour Innsmouth, je m'interroge sur la nécessité d'y voir nécessairement une fable allégorique, je préfère m'attacher à la construction narrative et à la profonde imagination de Lovecraft en tant qu'écrivain, la lente progression vers la peur, qui obéit aux rêgles du fantastique, jusqu'à contaminer le "héros" lui même de l'intérieur.

Mais bon, je m'exprime en tant qu'écrivain amateur, voilà les raisons de mon modeste point de vue.


"La guerre a dévoré mon fils... les yankees ont dévoré Carfax par le feu... Pourquoi un de la Poer ne dévorerait il pas des nourritures interdites ?"

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#58 2012-07-24 20:43:45

admin
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Voilà, j'ai enfin fait la mise à jour de la critique : http://wiki.hplovecraft.eu/doku.php?id= … r_puritain

Comme d'habitude, j'ai fait une synthèse des discussions de ce fil, je pense que le résultat est complet ! Si j'ai le temps, j'ajouterais peut-être, plus qu'une interview, un entretien faisant suite en page 2 et 3 du topic entre Pickman, Schizodoxe et d'autres, ça pourrait être intéressant pour les internautes de passage. => trop compliqué !

Last edited by admin (2012-07-25 15:12:37)

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#59 2012-08-07 17:45:03

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

admin wrote:

Voilà, j'ai enfin fait la mise à jour de la critique : http://wiki.hplovecraft.eu/doku.php?id= … r_puritain

Ah ! Merci smile


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#60 2012-08-07 17:46:45

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Delapore wrote:

Félicitations pour ton essai, Schizodoxe : une oeuvre agréable à lire, instructive, accessible, bref, passionnante. J'espère que tu nous gratifieras à l'avenir d'autres "morceaux" de ce genre ! smile

Je n'ai pas les bagages nécessaires pour soutenir votre débat, à Robert Omlstead et toi, je soulignerai juste que, s'agissant du "Le cauchemar d'Innsmouth", j'ai du mal à penser à la syphillis du père, et s'il fallait penser à quelque chose (ce n'est pas une obligation car on peut lire le texte de manière purement ludique), j'opterai plutôt pour l'amalgame ethnique et la déchéance qu'elle occasionne (du moins selon HPL). Mais je ne suis pas non plus un fan de la psychologie. Je pense que Lovecraft a souvent pensé à lui quant il écrivait, ce qui explique la faiblesse de psychologie de ses personnages, car ce sont des archétypes, toujours identiques d'un texte à l'autre, dont l'insignifiance doit relever le caractère redoutable et épouvantable des horreurs dont ils sont les victimes. Maintenant, pour Innsmouth, je m'interroge sur la nécessité d'y voir nécessairement une fable allégorique, je préfère m'attacher à la construction narrative et à la profonde imagination de Lovecraft en tant qu'écrivain, la lente progression vers la peur, qui obéit aux rêgles du fantastique, jusqu'à contaminer le "héros" lui même de l'intérieur.

Mais bon, je m'exprime en tant qu'écrivain amateur, voilà les raisons de mon modeste point de vue.

Faiblesse des personnages dont Lovecraft était bien conscient, mais dont il ne se souciait peu...


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#61 2012-08-07 21:05:20

The_Whisperer
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Pourquoi parlez vous de "faiblesse" si le but était justement de mettre la psychologie des personnages au placard? (je demande hein ne le prenez pas mal smile)

Personnellement, je crois que cette absence de psychologie est une des choses qui me plaisent le plus dans l oeuvre. Peut être aussi parce que je suis passablement misanthrope et que je m en fous aussi, mais en effet, pourquoi s arrêter sur un personnage dans un texte qui affirme "qu on est rien dans le cosmos"? Enfin quand je devine la voix de Lovecraft dans le texte, vis à vis de ce qu il ressent devant Providence par exemple, ça me semble tellement authentique et vécu par l auteur que l émotion passe toute seule, alors que des sentiments tout à fait fictionnels m ennuieraient davantage smile

Last edited by The_Whisperer (2012-08-07 22:27:10)

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#62 2012-08-07 22:32:28

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

The_Whisperer wrote:

Pourquoi parlez vous de "faiblesse" si le but était justement de mettre la psychologie des personnages au placard? (je demande hein ne le prenez pas mal smile)

Personnellement, je crois que cette absence de psychologie est une des choses qui me plaisent le plus dans l oeuvre. Peut être aussi parce que je suis passablement misanthrope et que je m en fous aussi, mais en effet, pourquoi s arrêter sur un personnage dans un texte qui affirme "qu on est rien dans le cosmos"? Enfin quand je devine la voix de Lovecraft dans le texte, vis à vis de ce qu il ressent devant Providence par exemple, ça me semble tellement authentique et vécu par l auteur que l émotion passe toute seule, alors que des sentiments tout à fait fictionnels m ennuieraient davantage smile

Je parle de faiblesse parce que je crois bien que c'est le terme qu'il emploie lui-même. Mais il est clair que ça ne le préoccupait pas outre mesure. Je crois que c'est au même endroit qu'il dit qu'il écrit à propos des phénomènes (il emploie le mot et il en sait le poids philosophique). C'est intéressant au regard de l'évocation qui a été faite, dans un autre fil, de Heidegger.


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#63 2012-10-31 10:55:18

Zadok
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Et zou ! Je remonte le thread pour faire partager la critique élogieuse du toujours excellent Nébal sur l'essai de notre estimé co-forumeur : http://nebalestuncon.over-blog.com/arti … 29981.html

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#64 2012-11-16 12:32:43

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Zadok wrote:

Et zou ! Je remonte le thread pour faire partager la critique élogieuse du toujours excellent Nébal sur l'essai de notre estimé co-forumeur : http://nebalestuncon.over-blog.com/arti … 29981.html

Yep, mais il n'aime pas mon titre…

Si jamais il y a une seconde édition, je serai plus précis dans ma justification.

Maintenant, quand on voit comme il cogne sur certains grands noms, je trouve que je m'en tire sacrément bien !


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
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#65 2012-11-16 20:28:01

Zadok
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Il ne faut pas oublier que Nébal est un con wink
Et oui, il avoine méchamment le Cahier de l'Herne. Je dois admettre que sa rétrospective de la critique lovecraftienne est foutrement intéressante, même si je suis plus mitigé que lui sur Qu'est-ce que le mythe de Cthulhu, édité dans la même collection que ton bouquin. La conversation est intéressante, mais reste globalement assez peu informative et superficielle (enfin, autant qu'une conversation entre Joshi, Murray et Price peut être superficielle^^).
Sinon, j'ai vraiment beaucoup aimé le Dernier Puritain. Je ne pourrais pas en faire une analyse exhaustive (je l'ai lu il y a un bail et j'ai du Joshi sur la table de nuit), mais il reste une des meilleures dissections du "cas Lovecraft" que j'aie pu lire. À quand le prochain ?

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#66 2012-11-22 10:00:12

Nébal
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Zadok wrote:

Il ne faut pas oublier que Nébal est un con wink

Exactement !

Sur le cahier de l'Herne, ben, voui, j'ai été déçu, peut-être sévère, mais je n'ai pas l'impression d'avoir été injuste.

Sur "Qu'est-ce que le Mythe de Cthulhu ?", par contre, l'enthousiasme a parlé, mais ces objections sont pertinentes.

Et, pour revenir au sujet du fil, j'ai donc beaucoup aimé "Le Dernier Puritain" (mais pas le titre, certes ; j'assume).

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#67 2012-11-26 20:56:21

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Nébal wrote:
Zadok wrote:

Il ne faut pas oublier que Nébal est un con wink

Exactement !

Sur le cahier de l'Herne, ben, voui, j'ai été déçu, peut-être sévère, mais je n'ai pas l'impression d'avoir été injuste.

Sur "Qu'est-ce que le Mythe de Cthulhu ?", par contre, l'enthousiasme a parlé, mais ces objections sont pertinentes.

Et, pour revenir au sujet du fil, j'ai donc beaucoup aimé "Le Dernier Puritain" (mais pas le titre, certes ; j'assume).

Welcome, Nebal et merci pour cette belle critique du Dernier puritain smile


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
HPL

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#68 2012-11-27 18:35:20

Nébal
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Posts: 48

Re: [ESSAI] Lovecraft : le dernier puritain, de Cédric Monget

Bah de rien, ô Puissant Exégète.

Et merci.

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