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#26 2008-02-22 20:45:37

Ozymandias
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Bon,

Voici un sujet intéressant mais qui comme je le pressentais donne une vision vraiment faussée de Lovecraft.
A savoir qu'il n'était PAS raciste. Il est ontolgiquement raciste.

Mais avant, je dois vous dire que j'adore Houellebecq (j'ai lu tous ses romans). Il est un des grands noms de la littérature actuelle française et il n'y a pas de mots en ma possession pour décrire des livres tels "Les particules élémentaires" et "La possibilité d'une île". Disons qu'il perçoit très exactement ce que sont la majorité actuelle. Lisez ces livres. Voici une série de vidéos qui vous donnera la mesure du personnage.
http://www.dailymotion.com/relevance/se … ellebecq/1
Je vous conseille la vidéo chez Ardisson et mieux encore sur la deuxième page la vidéo nommé "Michel Houellebecq" et une autre "Michel Houellebecq et le prix Goncourt".

Ce que dit Yog-Shoggoth sur la haine de Lovecraft pour la masse ouvrière est foncièrement vrai (même si ce n'est pas pour les raisons que Yog mentionne). Ce qui n'empêche pas Lovecraft d'avoir une haine profonde pour les masses étrangères.

Ce livre ("Contre le monde, contre la vie") est un livre absolument génial que je conseille à tous, lecteurs ou non de Lovecraft.
Tout d'abord, contrairement à De Camp, H. aime Lovecraft. Il l'aime véritablement et ça se ressent. Peut importe l'objectivité, ceci est un essai et ne se veut pas objectif.

Actuellement, beaucoup d'entre-nous essaient de voire leur Lovecraft et non pas le vrai, le haineux. Comme le dit H., si dans sa jeunesse, Lovecraft ne ressentait que le mépris lointain de sa classe wasp pour ses gens, après son voyage à New-York, où il dut affronter une masse moins intelligente, moins noble et moins cultivée que lui et qui pourtant trouvait du travail et pas lui, son mépris se changea en haine, ce qui est une chance.
Car une telle haine est très bonne pour la qualité littéraire et on notera que les meilleurs textes de Lovecraft se situent après son voyage à New-York.
On sent dans le travail de L. le déchaînement de passions haineuses contre ses "négres bedonnants", ses "juifs à face de rats" et ses "masses mongoloides n'ayant aucun rêves".

Au lieu de cacher ce fait lovecraftien, nous devrions nous en réjouir car ainsi le personnage Lovecraft est aussi intéressant que ses contes.

Sinon, comme le dit H., ses bêtes, aussi diaboliques soient-elles, valent mieux que toutes ses illusions quotidiennes que méprisaient Lovecraft.
En ce sens, il est très platonicien.

Je suis navré de ce qu'a dit Mr Till sur ce topic (2 messages) qui sont totalement erronés. Il n'y a pas seulement un "petit fond de vérité" (comme il aimerait le croire) dans cet essai. En fait, ce qu'il faut comprendre quand on lit ce livre, c'est qu'il ne s'agit pas d'une biographie mais d'un essai sur le racisme et le misanthropisme de Lovecraft. Ainsi, il est évident que H. ne présente pas toutes les facettes du personnage mais uniquement ce qu'il l'intéresse. Et il suffit d'ailleurs de lire sa correspondance pour se rendre compte du racisme de Lovecraft ou encore de son fascisme. Si à la fin de sa vie, Lovecraft se rangea du côté démocrate (Roosevelt) à cause de la dépression et aimait certaines considérations socialistes, cela restait un socialisme fascisant.

D'ailleurs, dans "Dans l'abîme du temps" (que je viens de relire), écrite en 35, Lovecraft parle d'un socialisme à tendance fasciste pour décrire l'économie et d'un comité électoral composé des Yithiens les plus intelligens pour élire leurs politiques pour parler de la société de la Grand'Race.
Intéressant, lorsque l'on sait qu'il opposait la Grand'Race à des Anciens (polypes) qui sont la représentaion des masses étrangères, tandis que son héros (wasp) était transféré dans un des corps de la Grand'Race (symbolisant la race la plus cultivé, ne l'oublions pas).
"Dans l'abîme du temps" serait donc le symbole même de l'opposition entre le race intelligente et les masses étrangères.

Sinon, Mr Till se trompe également lorsqu'il pense que Lovecraft aurait pu discuter avec Noir s'il était cultivé. En effet, à cet époque, les Noirs n'avaient pas accès à l'éducation et étaient responsables de la majorité de la délinquance (ce qui permit l'émergeance du KKK que Lovecraft considérait par ailleurs).
D'autre part, Lovecraft disait également que tout Homme blanc couchant avec une Noire mériterait d'être marquée au fer rouge du mot Nègre.

Par contre, il est vrai que le documentaire (que je possède) "Le cas Lovecraft" est lui trop tendancieux car il se vaut une télébiographie de Lovecraft et c'est pour cela que sa diffusion doit être limité à un cercle d'"avertis" (néanmoins la forme du doc. est géniale).

Mais l'essai de H. est quant à lui indispensable à tout fan qui se respecte...

A part cela, je me souvient d'avoir lu sur le net un  bout de "Sperme et sang" qui dit que H. est en fait Lovecraft plus le sexe et l'argent...
Ce qui, vous en conviendrez, est suffisant pour dire que l'essai de H. n'est pas seulement une projection de H., le personnage Lovecraft étant suffisemment différent...


« Nous plongerons dans les noires abîmes, et là dans les profondeurs, nous vivrons à jamais dans un monde de merveille et de gloire. »

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#27 2008-02-22 20:48:47

Ozymandias
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Bon, j'ai fait un peu long.

Mais le racisme lovecraftien mérterait un sujet entier.
Sinon, je rajouterais quand même que ce serait une erreur bien sûr de croire pour autant à toutes les idées reçues sur Lovecraft.

Le site www.ulthar.net donne d'ailleurs de bonnes réponses aux idées reçues sur L.


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#28 2008-02-25 00:05:22

Ozymandias
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Shinji ------- Ce que tu dis est intéressant car Houellebecq dit justement dans son livre que le racisme de Lovecraft est plus intéressant que celui de Céline car plus ordinaire.
En effet, ses haines ont été principalement motivées par son incapacité à trouver du travail contrairement aux individus d'autres races, donc la traditionnelle haine envers "ceux qui nous volent notre boulot".
Bien que je pense que Houellebecq a un peu simplifié car il me semble que Lovecraft donnait de pseudo-justifications génétiques à ses dires (encore qu'il faudrait que je vérifie dans ses letrres). Du moins, ça justifierait pleinement ma thèse du réel racisme lovecraftien (Lovecraft trouvant des fondements scientifiques à sa pensée).

Darkaeons -------- Je n'ai pas vu ta considération sur le sujet. N'hésite pas à la produire, cela pourrait restimuler une discussion sur le sujet. Et puis, même si tu n'as pas lu l'essai de Houellebecq, tu peux toujours formuler une thèse sur le racisme de Lovecraft, vu que c'est de cela qu'il s'agit.
Sinon, je crois qu'on peut également visionner le doc "Le Cas Lovecraft" sur dailymotion pour ceux que ça intéresse (mauvais sur le fond, bon sur la forme à mon sens).

A part cela, je rajouterais également qu'on peut analyser "Les montagnes hallucinés" comme je l'ai fait pour "Dans l'abîme du temps". Bien sûr, ici, ce sont les Anciens à tête d'étoiles qui ont le bon rôle tandis que leurs esclaves les shoggots (ces groupements de bulles) représentent l'animalité. Evidemment, l'identification avec les Anciens n'est pas totale, contrairement au rapprochement fait avec la Gran'Race, car ici lorsque les Anciens sont décongelés de leurs prisons de gel, ils tuent et mutilent ces Hommes qui n'avaient pas hésité à disséquer leur compagnon.
Il n'empêche que le narrateur comprend leurs actes stimulés par la surprise et en vient à se mettre à leurs places en découvrant l'Histoire de cette race superbe à travers leurs gravures dans leur grande cité.
Et on ne peut s'empêcher de faire le lien avec la nouvelle "La Rue" (une des nouvelles les plus racistes de Lovecraft) dans lesquelles des étrangers viennent s'emparer de ce quartier construits par de fiers colons anglais, semblables aux shoggots, s'emparant petit à petit de l'immense ville construite par les vénérables Anciens...

Voilà, à vous de réagir et à faire vos propres analyses wink


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#29 2010-07-24 20:17:01

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

A propos de Lovecraft, Houellebecq, qui salue son génie pour avoir réussi à «transformer son dégoût de la vie en hostilité agissante», affirme [dans son essai, H. P. Lovecraft: contre le monde, contre la vie] qu'à la lecture de son oeuvre, son «autre grande source d'étonnement» fut «son racisme obsessionnel». «Jamais, écrit-il, en lisant ses descriptions de créatures de cauchemar, je n'aurais supposé qu'elles puissent trouver leur source dans des êtres humains réels. L'analyse du racisme se focalise depuis un demi-siècle sur Céline; le cas de Lovecraft, pourtant, est plus intéressant et plus typique.» 
«Auteur fantastique (et un des plus grands), il ramène brutalement le racisme à sa source essentielle, sa source la plus profonde: la peur», écrit Houellebecq dans sa préface de 1998. Il aurait pu tout aussi bien évoquer l'ignorance et la bêtise qui participent de ce crime contre l'intelligence. Houellebecq n'en dit rien dans son analyse très - trop? - distanciée. [...] 
Lovecraft admire sans ambages Hitler, en qui il voit une «force élémentaire appelée à régénérer la culture européenne». Lorsque son enthousiasme tiédit à l'égard du Führer, c'est pour regretter que cet «honnête clown», qui a publié Mein Kampf en 1925, ne puisse conduire sa politique à son terme, «bien que ses objectifs soient fondamentalement sains». 
Froidement, sans colère, Houellebecq analyse, dissèque, relève: «Parmi les écrivains plus directement liés à la mouvance lovecraftienne, aucun n'a repris à son compte les phobies raciales et réactionnaires du maître. Il est vrai, ajoute Houellebecq, que cette voie est dangereuse et qu'elle n'offre qu'une issue étroite. Ce n'est pas uniquement une question de censure et de procès», note-t-il, conscient des dangers de mettre sa pensée à nu, de faire abstraction de ce qu'il est convenu d'appeler le «politiquement correct». 
Sans vouloir lui faire un procès d'intention, on aurait pu attendre de Michel Houellebecq une condamnation plus explicite, plus nette, plus tranchée du racisme de Lovecraft; cette tare rédhibitoire nuisant gravement à la lecture de l'oeuvre, n'en déplaise à son biographe, «essayiste», dira-t-il, qui y trouve un réel plaisir. Ce qui est troublant, c'est la manière avec laquelle Houellebecq cultive, dans son essai, une certaine ambivalence. «A titre personnel, écrit-il, je n'ai manifestement pas suivi Lovecraft dans sa détestation de toute forme de réalisme, dans son rejet écoeuré de tout sujet ayant trait à l'argent ou au sexe; mais j'ai peut-être, bien des années plus tard, tiré profit de ces lignes où je le louais d'avoir "fait exploser le cadre du récit traditionnel" par l'utilisation systématique de termes et de concepts scientifiques.» 
Sur son racisme, pas une once de réprobation. Lorsqu'il cite des extraits du «Maître» décrivant la population immigrée de New York avec des accents paranoïaques, Houellebecq conclut: «Indiscutablement, c'est du grand Lovecraft. Quelle race a bien pu provoquer de tels débordements?» Il évacue la question, la passant en quelque sorte par pertes et profits. Est-ce à dire que qui ne dit mot consent, ou bien, tel un M. Jourdain, et au seul but de flatter les instincts primaires du lecteur, ferait-il du racisme sans le savoir? Ce serait là une grave faiblesse de l'intelligence. 
Lors de la publication des Particules élémentaires, égal à lui-même, c'est-à-dire toujours aussi elliptique, Houellebecq botte en touche lorsque Le Journal du médecin l'interroge sur le «discours de type raciste» de Lovecraft: «J'ai commencé à m'intéresser au racisme en écrivant ce livre sur Lovecraft. Avant, je connaissais Lovecraft comme auteur de fantastique à la limite de la science-fiction. Mais je n'avais aucune idée de ce qu'étaient sa vie ou ses opinions. Je me suis intéressé au racisme en plongeant dans la vie du "Maître de Providence". J'avais décidé d'écrire un livre à son propos, ayant beaucoup d'admiration pour lui en tant qu'écrivain. Il me reste depuis une petite compétence dans le domaine du racisme, que j'utilise. Celui de Lovecraft s'est avéré très productif, quoique énormément transposé au niveau de l'imaginaire dans ses récits. En fait, j'ai découvert le racisme avec lui.» 
Il n'en dira pas plus. Quitte à laisser planer le malaise. [...]

Extrait de Houellebecq Non autorisé. Enquête sur un phénomène de Denis Demonpion publié sur le site de L'Express.


Je suis, voyez-vous, une sorte d’hybride intermédiaire entre le passé et le futur — archaïque dans mes goûts personnels, mes émotions et mes intérêts, mais d’un tel réalisme scientifique en philosophie, que je ne peux supporter d’autre point de vue intellectuel que le plus avancé.
HPL

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#30 2010-07-27 07:24:35

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Ce texte de Demonpion est ancien. Je l'ai ressorti à l'occasion de la très prochaine actualité houellebecquienne.

Je suis assez d'accord avec ce que vous dites, sauf sur le point de votre optimisme concernant les étudiants de première année en histoire...

Je vois chez les lovecraftiens le pendant de l'attitude de Demonpion dans leur volonté de normaliser Lovecraft. De dire qu'après tout, il aimait la vie et plaisanter avec ses amis, les glaces et voyager etc. Ou bien quand on insiste, comme pour se rassurer, qu'à la fin de sa vie, il était devenu "socialiste" et moins raciste — ouf, nous sommes sauvés — sans trop se poser la question de ce qu'il faut entendre par-là.

D'un côté il faut en interdire la lecture, de l'autre, la banaliser, mais dans les deux cas, la refuser pour ce qu'elle est fondamentalement.

En fait, il y a des tas de gens qui sont désespérés et qui aime, malgré tout, la vie. Que dit Mishima peut de temps avant de se tuer ? "Je voudrais vivre éternellement". Rien de neuf à ce que les plus désespérés aient un rapport complexe et ambigu à la vie : tout leur problème est là, justement. Si l'on me pardonne ce parallèle, la misogynie de Schopenhauer ne l'a jamais empêcher d'aller voir les filles... Eh bien il en va de même, dans son domaine, pour Lovecraft. Ainsi donc, Houellebecq est sans doute infiniment plus proche de la réalité profonde de Lovecraft que tous ceux qui cherchent — encore une fois, je ne vois pas de meilleur mot — à le normaliser. C'est un mécanisme que j'avais appelé dans un ancien article la domestication des auteurs morts dans leur tombeau (allusion à Ranft que les lovecraftiens que vous êtes reconnaîtront aisément).

Non, vraiment, le texte de Houellebecq sur Lovecraft, que j'ai sans doute lu sept ou huit fois, est certainement ce qu'il y a de mieux pour saisir le gentleman de Providence dans sa profonde altérité.

Last edited by Schizodoxe (2010-07-27 07:59:28)


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HPL

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#31 2010-07-27 17:59:06

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

KADATH wrote:

C'est un débat que nous avons déjà eu plusieurs fois sur le forum de ce site, celui des "méchantes idées" de Lovecraft découvertes dans sa correspondance.

Faut-il - encore - rappeler que HPL n'a jamais fait de politique, n'a jamais été un propagandiste d'aucun mouvement. De l'aveu de tous ceux qui l'ont approché ou qui ont été aidé par lui via ses lettres, tel Robert BLOCH, Lovecraft était la correction et le sens de l’amitié même.
Curieux « raciste » d’ailleurs que cet homme qui épouse une russe d’origine juive et dont le meilleur ami s’appelait Loveman !

En matière de racisme les choses sont rarement simples. Votre remarque dernière m'inspire deux réflexions.

Premièrement, il y a, essentiellement, deux formes de racisme. D'une part, il y a le racisme dit de peau, le racisme biologique, celui qui tient de Darwin via Haeckel (une des sources essentielle de la pensée de Lovecraft). Ce racisme est en général celui qui était vécu par nombre de blancs à l'égard des populations noires, qu'elles soient africaines ou mélanésiennes (là encore, les choses sont complexes et le racisme en question ne recoupe pas nécessairement la réalité des haplogroupes).

Ce racisme-là est celui de Lovecraft à l'égard des noirs. Il n'en a jamais démordu et, dans une large mesure, la science actuelle flirte encore avec lui — Gould et Lewontin et leurs méthodes douteuses n'y ont rien changé.

D'autre part, il y a une seconde forme de racisme qui est le racisme spirituel. C'est le racisme qui va de Maurras à Spengler, de Maistre à Heidegger. C'est la forme que prend le plus souvent le racisme à l'égard des Juifs. Il s'agit de fonder la distinction non sur la lettre du sang ou des gènes, mais sur l'esprit des idées. Concernant les Juifs, par son éducation et sa lecture de Spengler, Lovecraft se rattache à cette forme de racisme. Elle n'interdit ni l'estime pour les individus, ni l'idée de conversion. D'ailleurs, de par son mariage, la femme de Lovecraft cesse d'être juive et devient une Aryenne d'esprit. Il le dit lui-même.

Deuxièmement, et cela découle du point précédent, la règle en matière d'antisémitisme spirituel est l'exception. Il n'y a que des cas particuliers. C'est ce qui est fort très bien résumé par la célèbre phrase d'Himmler (il dénonce cet état de fait) : à chacun son bon Juif.

Ainsi donc, il me semble erroné d'inférer une absence de racisme et singulièrement d'antisémitisme chez Lovecraft du fait de son mariage ou de ses amitiés.

KADATH wrote:

Lovecraft se voulait WASP (White anglo-saxon protestant) et aimait prendre des poses intellectuelles réactionnaires. Certes il écrit quelques horreurs dans les années 20, mais dix ans plus tard se moque d’Hitler et des fanatiques de tous poils. Les propos extrêmes utilisés dans sa correspondance montrent bien que cela a été écrit sous l’influence d’une colère située hors d’une réelle réflexion philosophique.Lovecraft détestait le monde moderne dans l’ensemble de ses manifestations et donc également la démocratie et ses bases morales.

Tout au contraire, je crois que le racisme de Lovecraft est l'expression du coeur de sa pensée et non de ses colères. Si l'on refuse cela, on se retrouve face à une pensée profondément incohérente et décousue. Ce qui fait l'unité de la pensée et de la philosophie de Lovecraft, c'est le racisme. Je soupçonne qu'il en va de même de sa fiction. Si je voulais être provocant, je demanderai s'il y a, fondamentalement, une différence entre lire Lovecraft et lire le Céline des Bagatelles.

Maintenant, ce qu'il dit de négatif d'Hitler ne préjuge en rien une désapprobation sur le fond. Dans une certaine mesure, son avis négatif sur la personne est la conséquence de son adhésion aux idées spécifiques du nazisme. Je songe par exemple à une lettre adressée le 25 septembre 1933 (donc assez tard) à Vernon Shea et publiée dans Lord of a Visible World édité par Joshi et Schultz. Elle est sans appel dans mon souvenir. Il n'y a de clown que lorsque le sujet est sérieux.

D'ailleurs, cela permet de dissiper l'écran de fumée du socialisme de Lovecraft. Son socialisme est un socialisme fasciste (au sens du socialisme prussien de Spenglet ou de Jünger — je pense à Drieu aussi, bien sûr) pour ne pas dire un national-socialisme. On a oublié les critiques libéraux au New Deal. Peut-être faut-il relire Hayek pour saisir cela.

Mais tout cela mériterait d'être développé. Il me faudra lire ce fil in extenso.

Last edited by Schizodoxe (2010-07-27 18:05:40)


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HPL

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#32 2010-07-29 10:42:21

Schizodoxe
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Je me rends compte après une lecture rapide, mais complète, de ce fil que l'on avait écrit mieux et avant moi une partie de ce que j'ai écrit. Je demande pardon pour le doublon et je promets de me donner la peine de lire les fils en entier avant d'y intervenir.


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HPL

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#33 2010-08-03 16:30:18

VanPrinn
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Re: [ESSAI] Contre la vie, contre le monde, de Michel Houellebecq

Charlesdexter wrote:

il pourrait tout aussi bien ne pas lire Aragon car il a soutenu Staline, et boycotter Rimbaud parce que par son orientalisme il a contribué à la colonisation du Maghreb!!!!

Effectivement, et c'est d'autant plus incongru venant d'un confident et biographe d'Arletty -- grande amie de Céline et maitresse d'un officier allemand, comme on sait !


Jean Alain M.

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