Une nuit à Innsmouth

Par KADATH, mai 2008

L’histoire est racontée par le valet de chambre d’un certain H.P… Northstar (sic), jeune homme ruiné qui doit quitter New-York pour s’installer à Arkham. Un soir, Northstar étant entré par hasard dans un bar, un inconnu d’allure étrange lui parle d’Innsmouth et lui propose d’acheter un bijou aux formes étranges provenant de cette ville. Le jeune homme étant passionné par les légendes anciennes et le folklore décide de se rendre dans cette cité portuaire à la réputation sinistre. Dans l'autobus qui y mène, il fait la connaissance d’un habitant de cette ville et découvre le “masque d’Innsmouth” : les habitants de cette ville sont atteint d’un curieux mal qui les défigure et rend leur démarche hésitante. Visitant Innsmouth, Northstar découvre que les églises sont reconverties au culte de Dagon, dieu païen importé par la famille Marsch au siècle précédent. Quelle monstruosité unit les habitants du port à cette religion et surtout pourquoi la mer entre Innsmouth et le Récit du Diable à quelques milles de là semble agitée d’étranges créatures ?…

L’album, qui présente cinquante-trois planches, est en noir et blanc, réalisé sans l’aide de l’informatique ce qui lui donne cet aspect “ancien” des bandes dessinées traditionnelles. L’auteur joue sur les clairs-obscurs, souligne certains détails de blanc, laisse des zones d’ombres envahir les rues. Le ciel est sans cesse tourmenté de nuages lourds aux franges d’un blanc-gris déprimant. Les visages reflètent tous les sentiments de personnages tantôt inquiets, anxieux ou terrifiés. La scène finale, l’un des “classiques” dans l’oeuvre de Lovecraft est rendue sans outrance, juste avec assez d’horreur liée aux malformations congénitales des créatures qui envahissent Innsmouth. La narration est très fidèle au texte de HPL, ce qui lui garde toute sa force. Dernier détail, Terrier imagine Lovecraft en train de rêver cette histoire, puis de se réveiller parmi ses chats et de bondir, tasse de café à la main, vers une pile de feuille blanches : “Avec une bonne sauce, ça fera cinquante feuillets… Allez au boulot !”

Un album que tout lovecraftien aimant la BD se doit de posséder !