1994, par Hubert Chardot, Thomas Mosdi, Etienne Leroux, éd. Vent d'Ouest.
Trois BD, ajourd'hui épuisés, paraîtront en même temps que le jeu, toutes trois scénarisées par Thomas Mosdi mais illustrées par des dessinateurs différents. Le glaive du crépuscule est le deuxième volet de cette série. Il se suffit à lui-même mais prend toute sa dimension lorsqu'on joue au jeu et vraisemblablement lorsqu'on lit les deux autres volumes. Mosdi, connu pour Chimères avec Béhé et L'île des morts avec Sorel, livre une histoire ténébreuse, riche et assez ambitieuse. Loin d'être une simple adaptation de jeu, le scénariste a su s'approprier le matériau pour en faire une aventure désespérée aux confins de la folie, hantée par les créatures de Lovecraft et pas des msytères de l'univers qu'on ne devrait pas chercher à connaître. Les personnages sont tous maudits, condamné à un destin incontrôlable dans lequel l'homme n'a pas sa place… Les dessins soignés de Le Roux rendent bien l'atmosphère torturée et aventureuse, proche du Dark Aeons critiqué plus bas ou de Vortex de Stan et Vince. La fin de la BD ne signe pas la fin de l'histoire de Prisoner of Ice mais l'espoir suggéré est mince en regard de la menace.
Concernant Lovecraft, l'oeuvre s'en éloigne par un univers uchronique guerrier et chaotique, mettant en scène des personnages massifs et sauvages. On est plus proche du Retour à Arkham apocalyptique de Robert Bloch. Dommage qu'aucune réédition de cette série réussie et palpitante ne soit prévue…
TOME 1 = La Geôle de Pandore.
Sans doute le meilleur des trois tomes, tant par le scénario que par le destin. Une scène assez réussie où des anciens dieux sèment la terreur dans un décor assez réussi.
TOME 2 = le Glaive du crépuscule. Cette suite du tome 1 nous entraine dans un voyage temporel sur fond de seconde guerre mondiale où les nazis ont réussis à domestiquer des créatures à l'aide d'un grimoire maudit…Le tout donne lieu à d'improbables aventures où le scénariste mélange le mythe de Cthulhu (un peu…) et les lieux mystérieux de l'archéologie (Stonehenge, Tiahuanaco en Bolivie …) dans un mélange pas toujours très convainquant!! Le dessin reste sommaire et se rapproche plus du “comics” US que de l'univers BD franco-belge. Dommage que les “créatures” sont par trop grotesques, d'un fantastique basique somme toute un peu risible. On ne peut pas dire que Leroux fait dans le subtil…
TOME 3 = La Cité des abîmes..
Toujours Thomas MOSDI au scénario mais c'est Freddy EMM qui assure les dessins. Emm a travaillé pour les éditions Vents D'ouest et notamment pour “Le Diable” en 1993 ,à côte de noms aussi célèbre que Guillaume Sorel ou Olivier Ledroit. Tous ces noms se retrouvent dans diverses adaptations en BD de l'univers lovecraftien et ce n'est donc pas un hasard si Freddy EMM illustre ici la célèbre nouvelle “Les Montagnes Hallucinées”. Le dessin est plaisant et évoque (un peu) celui de la première période de Sorel, celle de “L'ïle des morts”. Des tons plutôt neutres et un trait assez précis ainsi que des paysages bien rendus, même si on regrettera le manque d'imagination en ce qui concerne la cité des Grands anciens, trop simpliste, un peu terne et manquant de mystère. Le scénario s'inspire assez peu de la nouvelle de Lovecraft, mais préfère mettre en scène deux groupes de scientifiques, l'un anglais et l'autre allemand, sur fond de pré-guerre mondiale où l'on découvre que le régime nazi s'intéresse aux “cultes oubliés” et aux applications militaires qu'ils peuvent engendrer…Espionnage, scènes de combat qui s'éloignent fort du mythe, pour -heureusement - terminer malgré tout dans l'esprit de lovecraft en ce qui concerne la fin. Un album agréable qui se lit vite mais reste trop en marge de Lovecraft pour satisfaire l'amateur du mythe.