Ambrose Bierce (1842-1913?)

Avec KADATH

Ambrose Gwinnet Bierce naît en 1842 dans l'Ohio, dans une famille pour le moins excentrique. Il est le dernier de dix enfants. Son père, Marcus Aurelius Bierce, est un calviniste intransigeant amateur de Byron et dominé par sa femme. L'enfance d'Ambrose se déroule dans un climat étrange : ses frères et soeurs sont organisées en bandes rivales qui se vouent une haine féroce et se harcèlent en permanence.

Ambrose a 19 ans lorsqu'éclate la guerre de Sécession. Il s'engage dans le neuvième régiment de volontaires de l'Indiana, Etat où sa famille s'est installée. Bierce est un excellent soldat ; il devient officier dans l'état-major du général Hazen mais est blessé à la tête à la bataille de Kenesaw Mountain et démobilisé en 1865. On peut citer, parmi les textes du recueil Morts violentes consacré aux horreurs de cette guerre :

Ambrose émigre à l'Ouest en 1866, après un ultime séjour dans sa famille. A San Francisco, il devient le protégé de James T. Watkins, rédacteur en chef du News-Letter & California Advertiser. Bierce a vingt-six ans lorsqu'il devient rédacteur en chef à la place de Watkins, parti à New York. Parallèlement à ses activités journalistiques, il compose son oeuvre littéraire.

Il se marie en 1871 et part en voyage de noces en Europe. A son retour en Californie, son ménage bat de l'aile : Bierce boit et trompe sa femme, de ses trois enfants, deux mourront… Après s'être séparé de sa femme, Ambrose est engagé comme en 1887 par William Randolph Hearst, qui apprécit sa conception du journalisme. C'est le début d'une collaboration de vingt ans. De son ton acerbe et ironique, Bierce s'en prend à tout le monde sans aucune distinction, au point de se brouiller avec le monde entier !

Le sommet de sa carrière de journaliste est atteint avec sa campagne de presse contre Leland Stanford, cyniques “baron voleur” qui, après avoir fait exproprier des milliers de de personnes pour construire ses voies ferrées, s'apprêtait à faire voter une loi qui lui aurait permis de ne pas payer à l'Etat américain les soixante-quinze millions de dollars qu'il lui devait pour les terres qu'il s'était accaparé.

Après 1900, Bierce fait publier son oeuvre littéraire par son ami Walter Neale, éditeur, dont son célèbre Dictionnaire du diable, oeuvre ironique au ton cinglant. A 71 ans, seul, irascible, alcoolique et asthmatique, Bierce se rend au Mexique déchiré par la guerre civile avec l'intention de se joindre à l'armée de Pancho Villa. Il disparait vers 1913 après avoir écrit une unique lettre, sans que personne ne sut ce qu'il advint de lui…

Cité plus d'une fois dans l'essai Epouvante et surnaturel en littérature de Lovecraft, Bierce a écrit près d'une centaine de nouvelles, très souvent sur la mort de l'individu et son absurdité. Pour l'anecdote, il est l'un des protagonistes du film fantastique Une nuit en enfer 3 : la fille du bourreau où l'on découvre ce qu'il est advenu de lui après sa disparition au Mexique…

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